Dix-sept minutes pour monter à 3.200 m d'altitude: un nouveau téléphérique a été officiellement inauguré vendredi dans la station de ski des Deux Alpes (Isère), épilogue d'un chantier colossal à 148 millions d'euros.
Les 51 cabines du nouveau Jandri, en service depuis le début de la saison hivernale, remplacent l'ancien téléphérique, en service depuis 1985, qui effectuait le trajet de la station jusqu'à son glacier en 40 minutes.
Le nouveau téléphérique double la capacité de transport de personnes, jusqu'à 3.000 par heure, transportées sur 6,4 kilomètres et 1.480 mètres de dénivelé, 10 mois dans l'année.
Il peut résister à des vents soufflant à 100km/h. Sept pylones, dont le plus haut culmine à 50 m, remplacent les 17 nécessaires pour faire fonctionner l'ancien dispositif.
Construction française portée par l'entreprise iséroise POMA, sa technologie "3S" (deux câbles fixes porteurs et un troisième câble tracteur) permet de "rendre la montagne accessible à tous, toute l'année, pour toutes pratiques à travers un appareil moderne", se félicite Fabrice Boutet, directeur général de SATA Group, société en charge de l'exploitation.
"Ce projet est une signature pour les 50 ans à venir", avance M. Boutet, cité dans un communiqué.
La construction a duré 18 mois et mobilisée environ 300 personnes. Le budget de 148 millions d'euros a été levé "uniquement auprès de banques et d'acteurs locaux", précise SATA Group, qui prévoit un amortissement du coût sur 30 ans pour "le Jandri".
Celui-ci "incarne une vision ambitieuse où la garantie neige est au coeur des préoccupations", explique le domaine skiable.
La commune et l'exploitant assurent avoir mené une étude d'impact et pris des mesures pour préserver l'environnement: préservation des sols, réutilisation sur place des matériaux excavés, limitation des déplacements d'engin...
Mais pour l'association Mountain Wilderness, les Deux Alpes poursuivent ainsi l'artificialisation du glacier. Le Jandri "s'inscrit dans une logique de montée en gamme qui s'apparente à une course à l'armement à l'heure où les grands domaines skiables sont en compétition pour attirer une clientèle aisée et internationale", ajoute-t-elle.
Ces domaines en haute altitude sont mieux à même de résister aux problèmes d'enneigement et au changement climatique, mais les investissements engagés tirent les prix vers le haut depuis des années.
Dans un rapport publié en février 2024, la Cour des comptes avait mis en garde que seules "quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation" au-delà de 2050, horizon auquel toutes les stations de ski devraient être "plus ou moins touchées" par le changement climatique et "la diminution de l'activité ski".