Des habitants du Bourget, en Seine-Saint-Denis, protestent contre un "énième" projet de centre de données dans le département, jugé jeudi "inacceptable" par une association écologiste et un collectif citoyen.
Près de 18.000 personnes, soit plus que les quelque 16.000 habitants que compte la commune, ont signé une pétition publiée fin octobre réclamant l'"arrêt immédiat du projet de data center au Bourget", "énième" du genre dans le département.
Une telle mobilisation, c'est "la première fois que ça arrive", réagit auprès de l'AFP Jean-Marie Baty, président du MNLE 93, mouvement écologiste local, qui a bataillé contre d'autres data centers, notamment celui de la commune voisine de Dugny, qui n'est pas encore achevé.
"Ce projet d'implantation en zone urbaine dense, à proximité de la gare de triage, est tout simplement inacceptable. Il vient s'ajouter sur un petit périmètre aux trois gigantesques data centers de La Courneuve et Dugny, soit un cumul de plus de 200 groupes électrogènes", déplorent dans un communiqué le MNLE 93 et le Collectif contre le data center du Bourget, qui réunit environ 120 personnes.
En France, les centres de données, de gigantesques infrastructures nécessaires au fonctionnement d'internet et dont la multiplication risque de s'accélérer avec le développement de l'intelligence artificielle, sont concentrés en Ile-de-France, et notamment en Seine-Saint-Denis.
Dans ce département, l'existence de terrain en friche et un foncier pas cher sont vus comme une aubaine pour les exploitants.
Mais pour certains riverains, ce nouveau projet risque d'"aggraver l'ilot de chaleur urbain en période estivale" et de créer un "conflit d'usage en cas de tension" sur le réseau électrique, avec une consommation d'"environ 2,5 fois" celle de la ville.
"Il faut ajouter la pollution de l'air, le bruit et les risques induits par le fonctionnement régulier des groupes électrogènes, du stockage de carburant, de la présence des batteries au lithium", poursuivent les opposants, citant également les "300 kilogrammes de fluide frigorifique contenant des polluants éternels et "le risque potentiel d'exposition des riverains aux ondes électromagnétiques".
Des craintes balayées par le maire du Bourget, Jean-Baptiste Borsali (divers droite), qui rappelle, auprès de l'AFP, que l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France a émis un avis favorable.
"Je me fie à ce que dit un organisme d'Etat" et "n'ai aucun motif pour m'opposer à ce projet" qui va, grâce à l'alimentation d'un futur réseau de chaleur urbain, bénéficier économiquement à environ la moitié des habitants, promet-il.