Ultra-trail du Mont-Blanc: suspense pour Jornet, Walmsley en challenger

Kilian Jornet pourrait devoir renoncer à égaler vendredi le quadruplé record de François d'Haene à l'Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), Covid-19 oblige, ce qui pourrait bénéficier à son rival américain Jim Walmsley, plusieurs fois contraint à l'abandon.

On ignorait toujours jeudi en fin de soirée si la star espagnole de la montagne pourrait s'aligner au départ de l'épreuve reine de la discipline, un parcours de 171 km avec 10.000 m de dénivelé à travers trois pays qui s'élancera vendredi à 16H00 GMT de Chamonix.

Ce circuit correspond à l'équivalent de quatre marathons en distance et de plus de deux fois l'ascension du Mont-Blanc en dénivelé. Les coureurs les plus rapides devraient terminer la boucle en une vingtaine d'heures.

Mais le suspense plane encore sur la participation de Jornet, qui s'est bien gardé de le dissiper dans un nouveau post Instagram publié jeudi soir, sorte de poétique éloge du Mont-Blanc.

C'est une montagne qui "nous attire tant", "où l'alpinisme est né", qui plaît à ceux "qui aiment les voyages où l'on touche le ciel", y relève-t-il.

"Hé bien, même courir autour d'elle pourrait être fun !", écrit-il en conclusion de son message, ce que nombre de ses fans ont interprété comme la confirmation de sa participation.

La légende du trail avait annoncé la nuit précédente avoir été testé positif lors d'un test anti-covid et laissé entendre qu'il pourrait déclarer forfait.

"Je me sens prêt et bien préparé pour la course et il n'y a pas de symptômes mais je vais voir avec mon médecin quelle est la meilleure décision pour ma santé et pour les autres coureurs le jour de la course", écrivait-il.

S'il est en mesure de concourir, Kilian Jornet, 34 ans, serait la star incontestée de la course qu'il a déjà remportée en 2008, 2009 et 2011. Le Catalan avait en revanche dû abandonner à mi-parcours en 2018 en raison d'une piqûre d'abeille, à laquelle il est allergique.

Jornet présente à son actif deux victoires cette année à Zegama (Espagne) fin mai puis sur la Hardrock 100 (100 miles, environ 160 kilomètres) sur laquelle il a battu son grand rival français François d'Haene et signé un record absolu sur l'épreuve.

Il n'a toutefois pas réussi à s'imposer lors de la course réputée de Sierre-Zinal (Suisse) à la mi-août dont il était le grand favori.

Arrivé cinquième, il avait déclaré avoir souffert de crampes mais s'était dit confiant pour l'UTMB: "Ce n'est pas le même type de course et je pense que ça ira. Je suis quand même ravi de ma forme actuelle et je vais essayer de bien récupérer", avait-il expliqué.

- Cartes rebattues -

L'éventuelle absence de la légende espagnole au départ rebattrait les cartes de la course chez les messieurs. L'Américain Jim Walmsley, qui a à deux reprises dû jeter l'éponge lors de l'UTMB, pourrait notamment en bénéficier.

"Je me sens bien et je suis prêt et tout est préparé donc c'est un des moments les plus relaxants maintenant", a-t-il déclaré à l'AFP jeudi soir, à moins de 24 heures du départ.

"J'espère pouvoir gagner ou être bien placé, et finir mais quoiqu'il en soit, j'espère m'améliorer et continuer ensuite sur cette voie", a ajouté le coureur qui s'est récemment installé en France dans le Beaufortain (Savoie) pour deux ans.

Le Français Aurélien Dunand-Pallaz, arrivé deuxième l'année dernière et l'Espagnol Pau Capell, vainqueur en solitaire lors de l'édition 2019, seront également sur la ligne de départ.

Chez les dames, la course apparaît plus ouverte en l'absence de l'Américaine Courtney Dauwalter, victorieuse comme Jornet de la légendaire Hardrock 100 dans le Colorado en juillet et de l'UTMB 2021. L'Espagnole Ragna Debats, la Suédoise Mimmi Kotka et la Française Audrey Tanguy figurent parmi les favorites.

Des milliers de fans ont afflué toute la semaine au pied des cimes du massif du géant des Alpes pour assister aux huit courses organisées par l'UTMB Mont-Blanc, endeuillées dans la nuit de lundi à mardi par la chute mortelle d'un traileur brésilien près du Refuge de Plan Glacier.

L'année dernière, un concurrent tchèque avait également péri dans une chute de plusieurs dizaines de mètres. Il s'agit des deux premiers accidents mortels depuis la première édition de l'UTMB en 2003.