Le Français François d'Haene a remporté samedi pour la quatrième fois, nouveau record, l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, épreuve reine de la course en montagne, au pied des grandes aiguilles et glaciers.
Après une édition 2020 annulée en raison du Covid-19, le retour de l'UTMB a fait le bonheur des coureurs et touristes, amassés au plus près dans les cols de montagne et les rues bondées de Chamonix, où flottait ces dernières heures une ambiance de Tour de France.
Déjà vainqueur de l'UTMB en 2012, 2014 et 2017, François d'Haene s'est imposé au terme de 20 h 45 min 49 sec d'une course menée sans accroc majeur ni forte adversité, notamment après que l'autre favori, l'Américain Jim Walmsley, eut jeté l'éponge à mi-course.
Cette victoire sur la mythique course à pied en montagne permet au viticulteur du Beaujolais de s'inscrire dans l'histoire de cette discipline, après s'être déjà distingué en détrônant en 2017 la star espagnole Kilian Jornet sur l'UTMB.
"Je la savoure vraiment, parce qu'elle était très dure à aller chercher", a déclaré le vainqueur après son arrivée. "Le faire une fois c'est vraiment merveilleux, le faire quatre fois c'était juste impensable il y a quelques années," a-t-il ajouté.
"Avec les deux ans qu'on vient de vivre je pense que les gens avaient à coeur de fêter l'événement donc il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de monde (...), c'était vraiment une belle fête," a déclaré le quadruple vainqueur devant la presse.
- L'Américaine Dauwalter 7e du général -
Derrière lui, à 13 et 27 minutes, Aurélien Dunand-Pallaz et Mathieu Blanchard complètent un podium 100% français, suivis de deux autres compatriotes (Ludovic Pommeret et Germain Grangier) au terme de 171 km de chemins et 10.000 mètres de dénivelés parcourus aux confins de la France, l'Italie et la Suisse.
Mais l'exploit probablement le plus marquant de l'édition 2021 est celui réalisé par l'Américaine Courtney Dauwalter, 35 ans, qui se classe 7e du général - hommes et femmes confondus -, une performance sans égal depuis l'édition 2013.
Avec un temps d'un peu plus de 22 h 30 min, la native du Minnesota améliore de deux heures son record personnel qui lui avait permis de s'imposer en 2019.
"Je me sens complètement épuisée. J'ai vraiment mal aux jambes. Mais je suis très contente", a-t-elle déclaré devant la presse, "Et je suis prête pour une bière !"
Elle domine évidemment sans partage le classement féminin en franchissant la ligne d'arrivée avec plus d'une heure et demi d'avance sur la Française Camille Bruyas, arrivée seconde, 16e au général.
- 2.000 amateurs -
Les quelques coureurs qui arrivent au compte-gouttes depuis le triomphe de François d'Haene, précèdent avec de longues heures d'avance l'essentiel des participants.
La plupart passera une seconde nuit en montagne, seuls avec leurs jambes et leur mental pour tenter de venir à bout de l'une des courses à pied les plus difficiles du monde.
Environ 2.300 coureurs s'étaient élancés vendredi à Chamonix à partir de 17H00. Très rapidement, le public et la lumière se sont raréfiés et les coureurs ont grimpé à la lampe frontale les cols qui les séparaient de l'Italie puis de la Suisse.
Vendredi soir aux Contamines-Montjoie, cinq heures après le début de la course, les premières assistances étaient déjà portées sous une grande tente. Les compagnes massaient les jambes endolories, des coureurs tentaient une micro-sieste, alors que d'autres dévoraient du riz blanc.
Et après une première nuit passée à courir jusqu'à 2.500 mètres d'altitude, les quelque 2.000 amateurs "chanceux" qui avaient décroché un dossard sur tirage au sort - après une vérification de leur niveau sportif - ont poursuivi leur effort sous le soleil qui se levait sur la vallée de Courmayeur.
Au même moment, la crème mondiale de la discipline avalait les dénivelés des dizaines de kilomètres devant, pour boucler dès samedi un itinéraire équivalent à plus de quatre marathons et plus de deux ascensions complètes du Mont-Blanc.
Les amateurs, eux, auront pour objectif d'arriver avant l'heure limite, fixée à 16h30 locales dimanche à Chamonix.