Transports: le gouvernement doit renoncer au tout-voiture

Le gouvernement doit réduire la place de la voiture et favoriser activement les transports les moins polluants, au nom du climat et de la santé, ont appelé mercredi les grandes ONG environnementales, avant la présentation prochaine du projet de loi sur les mobilités.

"C'est l'heure des choix (...) Il faut désormais orienter les investissements en priorité vers les modes de transport les moins polluants, les transports en commun, le vélo, et supprimer les subventions aux énergies fossiles et aux transports polluants", demande le Réseau Action Climat (France Nature Environnement, Oxfam, LPO, Greenpeace...).

Devant la presse, leurs représentants ont rappelé les engagements climatiques de l'accord de Paris.

"Ce qui se prépare aujourd'hui est rétrograde", a estimé la présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) Audrey Pulvar, fustigeant le "manque d'ambition manifeste de Matignon et le manque de moyens prévus par Bercy pour mettre en place le basculement du tout-voiture vers des modes de déplacement meilleurs pour la santé et la planète".

De 1990 à 2015, la France a consacré 276 mds d'euros au réseau routier, 78 mds au ferroviaire, et aujourd'hui, pour la majorité d'actifs utilisant leur voiture chaque jour, les transports en commun font défaut, notent les ONG.

Les associations soulignent les coûts cachés de la route: accidents (20 mds d'euros annuels selon un rapport parlementaire), pertes d'heures de travail, impact sanitaire de la pollution... qu'il faudrait prendre en compte pour rendre plus juste la comparaison avec le rail.

"Si on avait une +Société des routes de France+, comme on a la SNCF, et qu'on lui appliquait les mêmes règles comptables, elle serait bien plus endettée que la SNCF et il faudrait la fermer immédiatement!", a souligné le directeur du WWF, Pascal Canfin. "Il y a deux poids deux mesures. (...) Mettre les deux au même niveau permettrait d'enrichir le débat public".

Les associations réclament l'adoption d'une "règle d'or" permettant d'abandonner tout projet autoroutier ou aérien néfaste au climat et à la santé, et la fin des avantages fiscaux pour les modes de transports les plus polluants, ce qui permettrait aussi de libérer des ressources.

"Il faut investir dans les transports publics", qui risquent la saturation, a mis en garde Bruno Gazeau, président de la Fédération des associations des usagers des transports (FNAUT).

Les ONG demandent un plan d'investissement pour les transports du quotidien, une régénération du réseau ferré péri-urbain pour désenclaver les territoires (estimée à 3 mds d'euros annuels). Elles appellent aussi à un plan vélo (200 M par an).

Les transports restent le premier émetteur de gaz à effet de serre.

Le futur projet de loi, qui fait suite aux Assises de la mobilité, vaste débat organisé cet automne, est attendu en juin.