La transmission d'entreprises représente un "enjeu majeur" pour l'économie française, car 370.000 d'entre elles seraient concernées d'ici à 2030, mais de nombreux freins, notamment psychologiques, restent à desserrer, souligne une étude de Bpifrance Le Lab publiée jeudi.
Ainsi, selon cette étude réalisée auprès de 5.000 chefs d'entreprises de TPE-PME, et d'entreprises de taille intermédiaire, 40% des dirigeants ont l'intention de transmettre leur entreprise dans les cinq ans, soit 370.000 sociétés, pour quelque trois millions d'emplois concernés.
Or, si le volume de transmissions actuel se maintient, 130.000 seulement seront transmises en 2030.
L'étude montre que "les barrières psychologiques, le manque d'anticipation et les difficultés à trouver le bon repreneur sont autant de freins pouvant repousser les projets".
Ainsi, 70% des dirigeants prévoyant de transmettre dans plus d'un an ont à peine commencé à réfléchir ou à collecter des informations.
Si 38% des cédants n'ont rencontré ou ne prévoient "aucun obstacle significatif" pour cette transmission, 19% redoutent ou ont rencontré une absence d'offre de reprise et 18% une offre à un prix trop bas.
La psychologie est très importante: si la pérennité de l'entreprise apparaît prioritaire à 48% des cédants, les qualités humaines du repreneur viennent juste après (40%) devant son expérience et sa compétence (38%) et sa solidité financière (29%). Un prix de vente élevé n'est cité que par 14% d'entre eux.
Du côté des repreneurs, 40% n'ont pas rencontré d'obstacle significatif, mais 30% ont eu du mal à trouver les financements nécessaires.
Hors transmissions intra-familiales ou à un salarié, 23% des dirigeants redoutent de ne pas trouver de repreneur, et 22% des aspirants repreneurs de ne pas trouver d'entreprise à reprendre.
Une "difficulté d'appariement qui peut aussi s'expliquer par un manque de transparence du marché de la transmission, qui repose encore souvent sur le bouche-à-oreille", remarque l'étude, alors qu'existent des plateformes d'annonces spécialisées.
Bpifrance, banque publique d'investissement, a décidé de placer "l'enjeu majeur" de la transmission "au coeur de sa stratégie", a expliqué jeudi en conférence de presse Eric Versey, directeur exécutif en charge du Financement et du Réseau du Bpifrance.
La banque souhaite "augmenter le nombre d'opérations de transmission, sécuriser les opérations en renforçant le soutien aux repreneurs, et co-animer l'écosystème".
Partenaires de l'étude, les représentants de CCI France (chambres de commerce), de CMA France (chambres de métiers et de l'artisanat) et du CRA (cédants et repreneurs d'affaires), ont partagé ces objectifs jeudi.