Transition énergétique: le PDG de Total réclame du "temps"

La PDG de Total Patrick Pouyanné a réclamé "du temps" et des objectifs "atteignables" pour conduire la transition énergétique, et il a estimé que lier une partie des taxes sur les carburants au prix du pétrole "pourrait être une façon d'amortir le choc".

"C'est un sujet sérieux l'énergie. On ne va pas faire disparaître les hydrocarbures du mix énergétique dans aucun scénario à horizon 2040 ou 2050", a affirmé M. Pouyanné au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. "Faire de l'incantation, des objectifs inatteignables, c'est la non-action", a-t-il lancé.

Pour le patron de Total, "il faut du temps" pour mener la transition énergétique et "il faut qu'on arrive à convaincre les Français, pas simplement en montant les taxes".

"Sur le prix de l'énergie, les Français nous disent quoi? Oui on veut une énergie propre, mais il faut qu'elle ne soit pas chère", a observé M. Pouyanné. "Il nous disent même: pas cher, c'est plus important que propre".

"On ne pourra pas leur imposer une énergie plus chère au nom d'un sujet qui est majeur, le sujet du climat, mais dont ils ne ressentent pas l'urgence malgré tout immédiatement", a-t-il poursuivi.

"Si on veut évoluer, il faut trouver des étapes atteignables", a-t-il dit, en préconisant par exemple "qu'en 2025, tous les véhicules soient au moins hybrides, au moins électrifiés".

"Remplacer toutes les chaudières au fuel, c'est atteignable en 20 ans (...) pas en 10 ans", a aussi objecté M. Pouyanné.

Interrogé sur l'idée de taxe flottante sur le prix des carburants en France en fonction du cours du pétrole, M. Pouyanné a estimé que "c'est une voie (que le gouvernement) devrait suivre". "Lier une partie de ces taxes au prix du pétrole pourrait être une façon d'amortir le choc", a-t-il dit.

"Il y a beaucoup de taxes" dans le prix de l'essence et "avec la trajectoire de taxe qui était prévue, on était à 2 euros (le litre) en 2022", a relevé Patrick Pouyanné.

Le PDG de Total a indiqué que le mouvement des gilets jaunes a eu un impact sur les ventes de carburants, avec "une baisse de la consommation de 10% au mois de décembre".

"Il faut absolument qu'on sorte positivement de ce mouvement", a-t-il dit. "Le grand débat est un bon moyen d'essayer de trouver des nouvelles voies collectives pour aller de l'avant".

Sur l'éventualité d'utiliser une part des profits du groupe pour baisser les marges sur l'essence, M. Pouyanné a indiqué que le groupe gagnait seulement "un centime par litre vendu" à la pompe.

Il a rappelé son engagement à ne plus fermer de station-service en France, et a ajouté que l'enseigne Total serait davantage présente en milieu rural avec la conversion de la moitié des 1.300 stations du réseau Elan.

sbo/aue/nth

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