Transition écologique: l'Etat se veut exemplaire jusque dans la formation des fonctionnaires

Mieux comprendre les enjeux du changement climatique pour engager des actions concrètes: le coup d'envoi d'un vaste plan de formation des cadres de la fonction publique a été donné mardi, dans le sillage des mesures de sobriété énergétique annoncées la semaine dernière.

Objectif: former 25.000 hauts fonctionnaires de l'Etat d'ici à 2024, puis leurs collègues de la fonction publique territoriale (12.000 cadres) et de l'hospitalière (4.000) "d'ici 2025".

Ce projet, réclamé depuis des mois par des ONG et scientifiques, constitue la "première brique du plan de sobriété énergétique", a déclaré lundi le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini lors d'une présentation dans les locaux parisiens de l'Institut national du service public (INSP), successeur de l'ENA.

Le gouvernement souhaite ainsi créer une armée "de hussards verts" au sein de la fonction publique, a claironné le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.

Concrètement, 220 directeurs d'administrations centrales suivront dès le 19 octobre des formations de vingt heures, théoriques avec l'appui de scientifiques "de très haut niveau", mais aussi pratiques, via des ateliers portant sur des thèmes comme le calcul de leur bilan carbone ou les actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre...

Les membres des cabinets ministériels seront aussi formés d'ici la fin de l'année et les ministres seront "impliqués", a déclaré Stanislas Guerini, précisant avoir lui-même participé avec ses équipes à des ateliers animés par les associations 2Tonnes et la Fresque du climat, qui seront sollicitées pour les formations à venir.

Les hauts fonctionnaires se rendront aussi sur le terrain pour rencontrer des entreprises et ONG faisant face aux enjeux du réchauffement climatique qui leur présenteront leur façon d'y répondre: une visite en forêt pour en montrer la résilience, par exemple.

Quelque 300 cadres-dirigeants, tels que des préfets et des ambassadeurs seront formés ensuite, à partir de janvier 2023.

- Augmenter "l'attractivité" -

"La formation est un préalable à l'action", soulignent les ministères de la Transformation et de la fonction publiques et celui de la Transition écologique, qui ont travaillé de concert sur ces modules alliant questions de biodiversité, de climat et de ressources naturelles.

Pour le gouvernement, les formations doivent "irriguer l'ensemble de l'administration publique". Un module complémentaire de huit heures proposera aux fonctionnaires formés un accompagnement pour les "aider à faire leur retour d'expérience" auprès de leurs équipes.

Un "groupe d'appui scientifique" sera par ailleurs piloté par Luc Abbadie, professeur à la Sorbonne, et Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat, notamment pour faire évoluer la formation avant de l'élargir aux 25.000 agents suivants.

Un appel d'offre sera ensuite lancé pour recruter les prestataires qui animeront les formations, avec un budget estimé "à moins de 10 millions d'euros", a précisé Stanislas Guerini, ajoutant que ce plan s'inscrivait dans le budget existant dédié à la formation des agents publics.

Le ministre s'est également félicité de pouvoir compter sur des forces "bénévoles", au sein même de la fonction publique et dans les associations.

Plusieurs associations et collectifs, dont certaines avaient signé en mai une pétition pour que le gouvernement se forme à la transition écologique, ont toutefois réaffirmé lundi au cours de la présentation du plan la nécessité de disposer de "moyens" pour assurer des formations de "qualité en quantité".

Quant aux futurs fonctionnaires, ils seront également sensibilisés aux questions climatiques dès leur formation initiale.

M. Guerini a insisté sur l'importance de cette formation pour augmenter "l'attractivité" des métiers de la fonction publique auprès des jeunes.

La ministre de l'Enseignement supérieure, Sylvie Retailleau, a, elle, souligné l'importance de former "tous les étudiants du premier cycle", annonçant la tenue d'un colloque dédié à Bordeaux le 20 octobre.