"Historique", la formation des 25.000 cadres de l'Etat à la transition écologique gagnerait à être moins centrée sur le seul réchauffement climatique et à davantage intégrer les enjeux de biodiversité ou de gestion des ressources, estime vendredi le réseau de hauts fonctionnaires Le Lierre.
"Il est à craindre que malgré sa sincérité, cette démarche passe à côté de l'essentiel", s'inquiète dans une "contribution" Le Lierre, qui revendique plus de 1.300 membres et ambitionne notamment de "diffuser des idées écologistes dans la sphère publique".
"A ce stade, les sujets autres que climatiques ont une place marginale dans les formations prévues", qui ont commencé à être dispensées à l'automne 2022 aux plus de 200 directeurs d'administration centrale (DAC).
"Dès le premier module", la formation "est centrée autour de trois crises: les ressources, la biodiversité et le climat", a répliqué vendredi auprès de l'AFP le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini.
Le gouvernement revendique "l'ambition d'avoir une formation qui soit la plus profonde possible et la plus systémique possible", a-t-il insisté, ajoutant être en contact régulier avec les associations d'agents publics dont Le Lierre.
L'Etat compte former à la transition écologique ses 25.000 hauts fonctionnaires d'ici 2024 et les 5,7 millions d'agents publics d'ici 2027.
Composée de cinq modules (deux ateliers, deux conférences et une visite de terrain), la formation comporte notamment deux ateliers consacrés aux enjeux climatiques, la "Fresque du Climat" et "l'Atelier 2 tonnes".
Or, pour le Lierre, réseau créé en 2019, "si la question climatique doit évidemment être traitée, elle ne saurait être présentée qu'enchâssée à l'intérieur de la question du vivant, qui la précède et la dépasse."
Outre ces enjeux de préservation des espèces animales et végétales, Le Lierre plaide aussi pour que les cadres de l'Etat soient sensibilisés à la finitude des ressources nécessaires pour transformer l'économie et atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050.
L'autrice de la contribution cite ainsi le lithium "nécessaire pour électrifier le parc automobile mondial", le cuivre indispensable à la production d'électricité renouvelable ou les métaux rares nécessaires aux technologies numériques.
En guise de formation, Le Lierre propose un "cheminement" en sept étapes, dont le climat n'est que la troisième, après "les pressions exercées sur le vivant" et avant "la disponibilité des matières".
Ce "cahier des charges (...) suppose déjà un accroissement significatif du volume horaire consacré à cette formation", pour l'instant fixé à deux jours et demi, conclut Le Lierre.
La formation des directeurs d'administration centrale, pas encore achevée, durera en réalité vingt-huit heures, précise l'entourage de Stanislas Guerini.
Le coût de la formation des 25.000 cadres de l'Etat se situe entre "10 et 15 millions d'euros", a indiqué le ministre à l'AFP.
Pour former les 5,7 millions d'agents publics sans "démultiplier les coûts", Stanislas Guerini compte s'appuyer sur un réseau de bénévoles et des fonctionnaires déjà formés à la transition écologique.