Des dizaines de tracteurs, des cavaliers de Camargue et Arlésiennes en costume traditionnel ont manifesté lundi à Arles (Bouches-du-Rhône) pour protester contre un projet de ligne aérienne à très haute tension entre le Gard et les Bouches-du-Rhône.
"Enterrez la ligne, zéro pylône", "non au passage en aérien", "THT non", ont lancé les opposants à ce projet, fortement contesté par les écologistes, élus locaux et agriculteurs.
La ligne doit parcourir 65 km de Jonquières (Gard) à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) après implantation de 180 pylônes de 50 à 90 mètres de haut. Elle est selon l'Etat et les industriels essentielle à la décarbonation et à la réindustralisation de la zone de Fos-Berre.
La manifestation s'est tenue avant le début d'une réunion publique consacrée aux "solutions alternatives à la ligne THT aérienne" au Palais des Congrès d'Arles, dans le cadre du "débat global" organisé depuis avril dans toute la région sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).
Cette ligne doit permettre de sécuriser l'approvisionnement électrique de la région, mais surtout répondre à la hausse attendue de la demande pour décarboner Fos-Berre, deuxième zone industrielle la plus polluante de France, et y installer de nouveaux projets (hydrogène, acier bas carbone, etc.).
"Nous sommes là pour montrer la solidarité du territoire contre ce projet qui ne verra jamais le jour", affirme Clément Lajoux, porte-parole d'un collectif d'agriculteurs, venus avec une quarantaine de tracteurs.
"On n'est pas contre l'industrialisation, on n'est pas contre le progrès, on est contre le trajet aérien qui impacte la totalité des territoires", ajoute cet éleveur brebis et de chevaux, installé à Arles.
Habillée en costume traditionnel d'Arlésienne, Laura Baudino, directrice de crèche, soutient une "solution alternative au projet aérien". "On n'est pas contre la décarbonation, on est contre la ligne aérienne qui va détruire la biodiversité, les paysages, des exploitations, des emplois..."
Une expertise tierce, réclamée par les opposants et rendue publique le 23 mai, est venue conforter la solution aérienne de l'opérateur RTE en mettant en avant, "en dehors de tout impact paysager et avifaune", "ses avantages techniques indiscutables en termes de délai de mise en oeuvre, de coût (300 à 500 millions d'euros contre plus de 4 milliards pour la solution du collectif) et de disponibilité".
"Tout est question de volonté politique, l'argent n'est pas un souci", réplique Isabelle Gex, membre du collectif THT 13/30, opposé au projet, citant pêle-mêle l'EPR de Flamanville, les Jeux olympiques ou encore la rénovation de Notre-Dame.