Toulouse opte pour une tarification saisonnière de l'eau dès 2024

Toulouse devrait devenir le 1er juin la première grande métropole française à appliquer une tarification saisonnière de l'eau: le conseil métropolitain examine jeudi un texte prévoyant une hausse de prix pendant l'été, afin d'inciter les usagers à en consommer moins.

Le maire DVD de la quatrième ville de France et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, a défendu mercredi son projet visant à augmenter le prix du mètre cube d'eau de 42% de juin à octobre, et de le baisser de 30% du 1er novembre au 30 mai.

"Il faut que les urbains prennent leur part et montrent l'exemple (...) dans leur rapport à l'eau", a-t-il déclaré mercredi en conférence de presse.

Aucune grande métropole n'applique encore une telle tarification visant à inciter le consommateur à utiliser moins d'eau quand elle se fait plus rare pour faire face aux sécheresses estivales récurrentes.

"A partir du moment où il y a cette tarification différenciée (...) il y a des comportements qui vont changer dans les entreprises ou dans les foyers" de la métropole toulousaine, qui compte quelque 850.000 habitants et regroupe Toulouse et 36 communes voisines, a souligné M. Moudenc.

Selon lui, la facture annuelle de l'usager resterait très proche de celle acquittée actuellement.

-"Fausse bonne idée"-

De son côté, l'opposition métropolitaine à M. Moudenc le presse d'instaurer une "tarification progressive", "avec les premiers mètres cubes gratuits, puis une augmentation pour pénaliser ceux qui remplissent une piscine ou arrosent trop le jardin", explique l'élu communiste Pierre Lacaze.

Pas opposé à cette idée, M. Moudenc affirme que 70% des consommateurs de la métropole toulousaine dépendent de compteurs collectifs, ce qui rend impossible la mise en place rapide d'une tarification progressive.

En revanche, selon Claude Touchefeu, de l'association Eau Secours 31, "la plupart des compteurs sont collectifs, certes, mais ça n'empêche pas de mettre les premiers mètres cubes gratuits".

Pour elle, le projet du maire de Toulouse est "une fausse bonne idée": "Avec cette mesure, l'eau vitale sera plus chère pour tout le monde, y compris pour les plus démunis", martèle-t-elle.

Mme Touchefeu dénonce aussi des compensations envisagées pour Veolia et Suez -en charge respectivement de la distribution d'eau et de l'assainissement- dans le cadre du projet de tarification saisonnière.

"La consommation d'eau a baissé entre 2002 et 2023, de 7%. Pour les années à venir, les délégataires Veolia et Suez ont trouvé une façon que la baisse de consommation ne se traduise pas par une baisse de revenus pour eux. Et Toulouse Métropole s'engage à compenser les baisses de volume", regrette-t-elle.

Présent aux côtés de M. Moudenc à la conférence de presse, Pierre Trautman, conseiller métropolitain en charge des marchés publics, a expliqué que des compensations étaient effectivement prévues pour Veolia en cas de baisses de consommation.

En défendant son projet, le maire de Toulouse a également mis en avant le point de vue du Conseil économique social et environnemental (Cese).

Le Cese avait estimé fin novembre que les "conditions d'une généralisation de la tarification progressive" de l'eau, l'une des mesures-phares du Plan eau lancé fin mars par le gouvernement, n'étaient "pas réunies", appelant à "étudier d'autres dispositifs" pour "compléter" cette mesure.

Le Cese a également émis neuf préconisations, dont la mise en place pour chaque usager d'un compteur d'eau individuel ou l'instauration d'une tarification saisonnière de l'eau dans certaines communes où la consommation explose à certains moments de l'année.

dmc-ap/dch

Poster un commentaire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.
Déjà membre ? Je me connecte.
Je ne suis pas encore membre, Je crée mon compte.