TotalEnergies maintiendra bien le plafonnement du prix de ses carburants à 1,99 euro le litre pour toute l'année 2024, une mesure qu'il avait un temps menacé d'arrêter en cas de prolongation d'une taxe sur les raffineries.
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a indiqué mercredi sur RTL s'être entretenu avec le PDG du géant des hydrocarbures Patrick Pouyanné, qui "a pris l'engagement de maintenir ce plafonnement à 1,99 sur tous les carburants, pour toute l'année 2024", et "dans toutes les stations".
"Je salue cet engagement parce que c'est une vraie protection", a dit le ministre, ajoutant qu'"une nation avance quand tout le monde collectivement fait des efforts".
Contacté, le groupe TotalEnergies n'a pas souhaité commenter ces déclarations, renvoyant à ses précédentes annonces du 12 septembre: il s'était alors engagé à étendre le plafonnement "au-delà de la fin 2023, tant que les prix resteront élevés".
"Pourquoi avons-nous décidé cela ? Nous l'avons décidé parce que franchement, à un moment donné, il faut aussi réconcilier notre entreprise avec l'opinion publique", a déclaré mardi à ce sujet Patrick Pouyanné, qui s'exprimait à Londres, à l'Energy Intelligence Forum.
Ces derniers jours, le dirigeant avait cependant agité la menace d'arrêter la mesure si des taxes sur les raffineries étaient reconduites.
"Le gouvernement demande à prolonger. Mais s'il veut aussi mettre des taxes sur le raffinage, je ne sais pas si on le prolongera", avait déclaré Patrick Pouyanné le 6 octobre, interrogé par le site ActuLyon.
Cette mesure de taxation des marges des raffineurs - dont TotalEnergies - avait été envisagée par des parlementaires dans le projet de budget 2024 actuellement en discussion à l'Assemblée nationale. Mais elle ne devrait finalement pas y figurer.
"Nous avons eu un débat la semaine dernière sur la taxation des raffineries. J'ai dit au gouvernement: +écoutez, si vous taxez les raffineries, pourquoi devrais-je soutenir directement le public à travers mon plafond des carburants? Que préférez-vous ? Au final, ils ont choisi qu'il fallait continuer avec le plafonnement (...) plutôt que de taxer les raffineries. Parce que nous agissons directement pour leurs citoyens. C'est plus important, je pense", a déclaré le PDG de groupe pétrolier à Londres.
- Marché du pétrole tendu -
Pour l'instant, les prix à la pompe continuent leur décrue pour la 4e semaine consécutive, malgré un marché du pétrole fébrile depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'assaut de commandos venus de Gaza sur le sud d'Israël.
Aujourd'hui les prix moyens relevés en France sont en deçà du plafond de TotalEnergies.
La semaine dernière, l'essence SP95-E10 dans les stations-service toutes marques confondues était vendue en moyenne 1,81 euro le litre (en baisse de 4,7 centimes par rapport à la semaine précédente) et le gazole coûtait 1,85 euro le litre (-4,4 cts), selon les chiffres hebdomadaires du ministère de la Transition énergétique, arrêtés vendredi et publiés lundi. Mais la suite est incertaine.
Bruno Le Maire a estimé que les prix à venir du pétrole et donc du carburant dépendront "de ce qui se passe au Proche-Orient: si la crise reste locale, les conséquences seront locales. Aujourd'hui elles sont limitées. Si demain il y a l'extension du conflit dans la région, les conséquences seront beaucoup plus lourdes sur les prix de l'énergie", a prévenu le ministre.
Sur le plan international, les cours du pétrole ont été soutenus ces derniers jours par les inquiétudes que la guerre entre Israël et le Hamas ne se propage jusqu'aux pays voisins.
Les marchés "resteront sur le qui-vive au fur et à mesure de l'évolution de la crise", avait mis en garde jeudi dernier l'Agence internationale de l'énertie (AIE).