Thierry Coste, conseiller politique des chasseurs qui s'est attiré les foudres de Nicolas Hulot, est un lobbyiste assumé, au service de la chasse, sa "passion", mais aussi d'autres clients dont il défend les intérêts sans "états d'âme".
Habitué des médias, à qui il explique sans complexe son métier de lobbyiste, il s'est retrouvé exposé mardi en pleine lumière par le ministre de la Transition écologique démissionnaire. Sa présence la veille à l'Elysée à une réunion sur la chasse est "symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir", accuse Nicolas Hulot.
Thierry Coste s'amuse et défend sa présence en tant que conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) "depuis 24 ans". D'autres ministres de l'Environnement l'ont d'ailleurs croisé.
"Il est clairement identifié comme défendant les intérêts des chasseurs, et au moins il a le mérite de s'afficher en tant que tel, on sait exactement à qui on a affaire", indique ainsi à l'AFP Ségolène Royal. En son temps, note-t-elle, elle lui avait refusé la baisse du prix du permis de chasse national, approuvée par Emmanuel Macron.
Thierry Coste assume à 100% cette étiquette qu'il colle aussi à Nicolas Hulot : "J'ai toujours dit qu'il était comme moi, lobbyiste", explique-t-il à l'AFP, égrenant la liste d'hommes de pouvoir à qui il "parlait à l'oreille", avant de devenir ministre.
Le conseilleur de la FNC a lui aussi tenté de défendre la chasse auprès de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou François Hollande.
Sans oublier Emmanuel Macron. "Je le conseille à titre personnel" sur la ruralité et la chasse, "j'ai fait la campagne avec lui sur ces sujets", indiquait-il à l'AFP au mois de mai.
En 2017, le lobbyiste s'est "considérablement" rapproché d'Emmanuel Macron, en lui faisant valoir que les chasseurs "représentent une force de frappe très ancrée dans la ruralité", note Jérôme Fourquet, directeur du département opinions de l'Ifop.
- "pas de morale" -
Au-delà de sa "passion" de la ruralité, le lobbyiste a bien d'autres clients.
"Je n'ai pas de morale", déclare-t-il en juin sur RMC. "Je l'assume complètement. Je défends des gouvernements étrangers alliés de la France mais qui parfois (....) ont des comportements très douteux avec les droits de l'Homme".
Selon sa fiche sur la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), son entreprise ,"Lobbying et Stratégies", agit dans divers secteurs, affaires étrangères, Défense, agriculture, énergie ou alimentation.
En plus de la FNC, six clients sont également mentionnés, comme EDF Energies Nouvelles, la Fédération française de tir, le groupe Pizzorno qui fait de la gestion de déchets ou la Fondation Assistance aux animaux qui gère des refuges pour chiens ou chats.
En juin sur France Inter, il explique que son métier, c'est d'abord "du renseignement", infiltrer "les groupes de pression opposés" comme les ONG environnementales et les syndicats, puis "convaincre ceux qui vont prendre les décisions".
"Mon métier effectivement, il n'est pas très déontologique, je respecte la loi, point. Pour le reste je n'ai aucun état d'âme", disait-il.
Des positions pas toujours appréciées. Un militant écologiste qui le connaît depuis 30 ans refuse de s'exprimer sur un "sinistre personnage".
Quant au secrétaire général du parti CPNT (Chasse, Nature, Pêche et Traditions) Alexandre Vergnes, il estime qu'"il ne représente pas la classe rurale des chasseurs" et qu'"il est très parisien, déconnecté des réalités".
Thierry Coste avait dirigé la campagne de Jean Saint-Josse, ancien dirigeant du CNPT, pour la présidentielle de 2002.