Thierry Beaudet, un homme de réseaux pour tenter de sortir le Cese de l'ombre

Adepte du dialogue et du consensus, homme de réseaux, le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, qui sera élu mardi à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), est aussi un "réformateur" qui devra mettre sur de nouveaux rails cette assemblée.

Selon ses soutiens, ses capacités "d'écoute" lui seront particulièrement utiles au sein de la troisième chambre de la République, dont le travail consiste à forger des positions de compromis, "au-delà des postures des organisations qui le composent".

C'est "un homme d'équilibre", "capable de naviguer dans des situations contradictoires et conflictuelles", décrit l'ancien secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri.

Un homme à la "capacité réformatrice (...) importante", qui a "su faire bouger un monde qui était assez figé", celui de la MGEN où il a fait ses armes, complète Thierry Cadart, de la CFDT.

Agé de 59 ans, ancien instituteur, Thierry Beaudet préside depuis juin 2016 la Fédération nationale de la mutualité française, qui se définit comme "le porte-parole de 518 mutuelles". Il a créé en 2017 le groupe VYV, issu du rapprochement entre la MGEN, Harmonie mutuelle et Istya.

"C'est le premier groupe de santé français, avec plus de 10 millions de personnes protégées, 1.500 établissements et services de soins et d'accompagnement. C'est un groupe de près de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires que j'ai créé et que je préside", dit-il à l'AFP, se décrivant comme un "chef d'entreprise".

Issu de l'économie sociale et solidaire, M. Beaudet, seul en lice pour prendre la tête du Cese, a reçu dès les prémices de sa candidature le soutien de l'Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), dont il est adhérent, et de la CFDT.

La Mutualité française est au côté du syndicat réformiste un des membres fondateurs du "Pacte du pouvoir de vivre", créé en mars 2019 pour faire "converger écologie et social".

- "Position pivot" -

Un pied dans le monde de l'entreprise, l'autre dans le monde syndical, "il a une bonne position pivot", estime Luc Bérille, ancien secrétaire de général de l'Unsa, et membre du Cese de 2011 à 2021. "On était plusieurs à le lui dire", rembobine-t-il.

Selon plusieurs sources syndicales, le Medef a cherché à contrer cette candidature qui n'était pas issue de ses rangs, en poussant notamment celle de Thierry Da Costa, secrétaire national de la Croix-Rouge française.

Mais il a dû admettre "qu'il n'y avait pas d'automatisme à ce que le président du Cese soit quelqu'un issu du patronat", dit M. Bérille - d'autant que la loi organique du 15 janvier 2021 a diminué le poids relatif du Medef au sein du Cese.

Thierry Beaudet a commencé très en amont à rassembler sur sa candidature. "Il a fait quelque chose d'assez original, il a invité tous les groupes à travailler pendant plusieurs mois sur plusieurs thématiques (...) sur le projet du futur Cese", raconte Mohammed Oussedik, représentant de la CGT au Cese.

Interrogé par l'AFP, M. Beaudet affirme vouloir être "le candidat de l'utilité et de l'efficacité du Cese", à l'heure d'une réforme qui lui donne "une chance historique", en lui confiant un rôle dans l'organisation de la démocratie participative.

La loi de janvier 2021 facilite la saisine par voie de pétition du Conseil et en fait le maître d'oeuvre de "consultations publiques", avec la possibilité de recourir au tirage au sort de citoyens.

Sur ces missions nouvelles, les convictions de Thierry Beaudet sont "très fortes", assure M. Cadart, "alors même que certaines organisations restent très prudentes par rapport à ces innovations".

"Discret", M. Beaudet "n'a ni peur de la lumière ni peur de s'engager", assure le patron de l'Unsa, Laurent Escure. Il a pu adopter des positions tranchées, comme sur l'euthanasie dont il est un partisan affiché.

Reste à voir si cela suffira à sortir le Cese de l'ombre. "Cette troisième chambre n'a pas de prérogatives institutionnelles assez fortes pour pouvoir s'affirmer (...). Elle n'a que la qualité du boulot qu'elle peut produire", constate M. Oussedik, qui espère que les travaux du Cese seront à l'avenir mieux pris en considération par l'exécutif et le Parlement.

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