La France proposera "dans les prochaines semaines" une initiative pour protéger le volontariat des pompiers, socle du système de secours français menacé par une directive européenne sur le temps de travail, a annoncé mardi le gouvernement.
Cette annonce a été saluée par la Fédération nationale de sapeurs-pompiers de France (FNSPF), qui réclame une telle intervention gouvernementale depuis plusieurs années.
Des "propos rassurants", s'est félicité auprès de l'AFP son président Grégory Allione. "On attend maintenant de voir le calendrier précis. On souhaite que cette initiative soit prise avant les élections européennes" de mai, a-t-il ajouté.
Dans la matinée, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez a déclaré en séance publique au Sénat refuser que le modèle des secours français "qui repose sur l'engagement de femmes et d'hommes sapeurs-pompiers volontaires" ne soit "remis en cause" par la directive européenne de 2003.
Le système de secours d'urgence français repose en grande partie sur les quelque 247.000 sapeurs-pompiers, présents jusque dans les campagnes les plus reculées et qui sont à 80% des volontaires effectuant souvent ces missions en plus de leurs activités professionnelles.
Or la directive européenne de 2003 considère le temps de volontariat des pompiers comme du temps de travail. En conséquence, de nombreux volontaires qui ont une activité professionnelle par ailleurs pourraient, en ajoutant les deux activités, dépasser les limites du temps de travail autorisé et décider de quitter les pompiers.
Ce texte européen menace donc l'ensemble du dispositif pompier, selon la FNSPF, qui souhaite que le gouvernement agisse pour que le temps de volontariat des pompiers en soit exclu.
"Je suis très attentif aux conséquences potentielles de l'application en France" de cette directive, et notamment "du risque de désorganisation et du surcoût potentiel induit pour les services d'incendie et de secours", a déclaré Laurent Nuñez, après que le sénateur (LR) du Territoire de Belfort Cédric Perrin lui a fait part de ses inquiétudes sur le sujet.
"Afin de pérenniser et sécuriser juridiquement les principes à la base de l'organisation nationale du volontariat, nous allons dans les prochaines semaines proposer une initiative européenne de nature à garantir que les volontaires puissent continuer à concilier librement leur engagement et leur activité professionnelle", a annoncé le secrétaire d'État.
"Les temps ont changé depuis 2003", a expliqué à l'AFP M. Allione pour justifier la nécessité d'exclure le volontariat pompier de la directive européenne. "En 2003, on voulait limiter le temps de travail pour protéger les travailleurs menacés par la déréglementation et le syndrome du +plombier polonais+".
"Aujourd'hui, les menaces imprévisibles sont multiples, du dérèglement climatique au terrorisme, et on a besoin de pouvoir mobiliser rapidement, 24h sur 24 et 365 jours par an, des forces de secours et de sécurité pour y faire face", a ajouté le président de la FNSPF.
Sur la forme, la FNSPF espère que le gouvernement fasse en sorte que "l'ensemble des forces de sécurité et de secours", et non le seul volontariat des pompiers, "aient leur propre directive" sur le temps de travail pour remplacer celle de 2003, a-t-il conclu.
En clôturant fin septembre le congrès annuel des sapeurs-pompiers à Bourg-en-Bresse (Ain), le ministre de l'Intérieur de l'époque Gérard Collomb avait estimé que la France devait "prendre une initiative" au niveau européen, sans toutefois annoncer de calendrier.
Les pompiers réalisent chaque année en France plus de 4,5 millions d'interventions d'urgence.