Téléphonie mobile: Free lance la 5G après ses concurrents, la guerre des prix est déclarée

Après ses concurrents SFR, Bouygues Telecom et Orange, l'opérateur Free a annoncé mardi le lancement de son réseau mobile 5G, qui couvre déjà "près de 40% de la population" française, avec une offre tarifaire agressive susceptible de déclencher une nouvelle guerre des prix.

La 5G au prix de la 4G et des prix cassés pour ses abonnés fixes: comme il y a sept ans lors du passage de la 3G à la 4G, l'opérateur a de nouveau voulu endosser son rôle préféré de "trublion des télécoms" en revendiquant "le seul forfait qui inclut la 5G sans surcoût".

Concrètement, le prix des abonnements 5G proposés sont à 9,99 euros par mois pour les abonnés Freebox Pop, et à 15,99 euros par mois pour les détenteurs des autres Freebox.

De quoi déclencher la guerre des prix à ses concurrents SFR, Bouygues Telecom, et Orange, qui ont communiqué à leurs lancements des offres tarifaires 5G davantage "premium".

A titre de comparaison, leurs forfaits pour le même niveau de données mobiles (150 Go) se situent autour de 50 euros par mois contre 19,99 euros par mois pour Free.

Si Bouygues Telecom puis SFR ont déjà lancé des offres "low cost" sans engagement à 25 euros pour 130 Go, l'espoir de certains acteurs de faire de la 5G "le point de départ" de la remontée des prix des abonnements mobiles semble déjà compromis, alors que la France fait partie des pays européens les moins chers en la matière.

- "Low cost" et qualité de service -

"Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le marché, c'est sûr, car avec des prix aussi bas c'est difficile d'envisager à très court terme une embellie dans la remontée des prix permettant aux opérateurs d'investir dans les réseaux", explique à l'AFP Sylvain Chevallier associé au sein du cabinet BearingPoint.

"Mais finalement il n'y a pas grand chose qui change avec des acteurs, comme Orange, qui privilégient la qualité du réseau au bon prix, et de l'autre côté, un autre acteur qui assume d'être un +low-cost+ quitte à avoir une qualité de service moindre", ajoute-t-il.

Car si Free revendique le "plus grand réseau mobile 5G en France qui couvre à la fois des territoires ruraux et des zones urbaines", l'opérateur s'appuie surtout sur les fréquences de la bande 700 MHz, qui n'offre pas les mêmes promesses en termes de débit que la bande 3,5 GHz.

"L'absence d'information sur la qualité associée à chaque fréquence ne permet pas aux consommateurs de comprendre que dans une zone couverte uniquement en 700 MHz, la souscription d'un abonnement chez Free Mobile pourrait n'offrir aucune plus-value en termes de débits", a déploré l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.

"En utilisant des fréquences basses (700 MHz) pour la couverture et des fréquences hautes (3,5 GHz) pour les débits, le réseau de Free fonctionne de manière optimale. C'est d'ailleurs le choix technique fait par tous les opérateurs lors du déploiement de la 3G et de la 4G", affirme Free, qui réfute l'idée de "fausse 5G".

Après avoir versé 2,789 milliards d'euros à l'État pour s'emparer de "blocs" mis aux enchères début octobre, les opérateurs peuvent jouir de leurs fréquences 5G depuis le 18 novembre.

Ils restent toutefois soumis à des procédures administratives liées aux autorisations techniques à déposer auprès de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) et aux demandes d'information des mairies pour déployer le réseau sur tout le territoire.

Or plusieurs maires écologistes ou de gauche de grandes villes, notamment à Lille ou Grenoble, ont déclaré être en faveur d'un moratoire jusqu'à la publication prévue au printemps 2021 d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

A Paris, le Conseil municipal doit débattre mercredi matin des conclusions de la conférence citoyenne sur la 5G notamment sur les impacts environnementaux du réseau mobile de dernière génération.

Si la 5G promet d'offrir, à terme, un débit jusqu'à 10 fois plus rapide, les opérateurs comptent avant tout sur son lancement pour gérer l'augmentation du trafic et éviter la saturation de leurs réseaux mobiles.

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