Il existerait près de 10 000 revues "prédatrices" selon la dernière enquête du Monde parue ce jeudi 19 juillet. Elles seraient à l'origine d'une large part de la"fake science" (fausse science) régulièrement relayée dans la presse et surtout sur les réseaux sociaux. Un certain nombre de ces revues "prédatrices" sont explicitement citées par l'enquête comme "Omics, Science Domain, Waset ou encore Scientific Research Publishing". Si elles ont l'apparence de revues scientifiques sérieuses, elles publieraient des études trop rapidement sans avoir pris le temps de les faire relire par d'autres scientifiques. Elles factureraient également aux chercheurs leurs publications à hauteur de quelques centaines d'euros par article. Une aubaine pour les industriels qui peuvent se servir de "scientifiques de paille" pour faire publier des études avantageuses en leur nom. Au cours de l'enquête, le journal Süddeutsche Zeitung est ainsi parvenu à faire publier un article basé sur une fausse étude en l'espace de dix jours seulement dans le Journal of Integrative Oncology. L'article en question présentait une remède miracle contre le cancer. Ces fausses études représentent donc une menace pour la santé publique et l'environnement.
Un problème récurrent du modèle de recherche
Le problème de cette "fausse science" est loin d'être nouveau. Le professeur de médecine à Stanford, John Ioannidis, mettait déjà en garde contre cette surabondance de mauvaises études en 2014 et même depuis 2005. L'une des causes de cette "fake science": la pression que subissent les scientifiques à propos des publications dont leur carrière dépend. Dans des parutions régulières, il devient en effet très difficile pour eux d'obtenir des fonds pour financer leurs recherches et donc de gagner leur vie. Ce système encourage les études bâclées et racoleuses, facilement réalisées et publiées. Le secteur des études sur l'alimentation, très populaires, est particulièrement touché par ce phénomène. L'accélération du rythme de publication des journaux amplifie également ces effets malsains.