Les camions empruntant les grands axes alsaciens devront s'acquitter à partir de début 2027 d'une taxe moyenne de 15 centimes par kilomètre, en vertu d'un texte adopté lundi par la collectivité départementale pour fixer les modalités de ce projet destiné à alléger le trafic, mais qui inquiète les acteurs économiques.
Les élus de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) - issue de la fusion en 2021 des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin - ont approuvé la grille tarifaire de cette taxe dite "R-PASS".
Elle vise notamment à "rééquilibrer le trafic de transit entre l'Allemagne et la France". Autrement dit, à décourager une partie des transporteurs qui actuellement font un détour pour traverser l'Alsace, afin d'éviter un péage autoroutier en Allemagne voisine.
En Alsace, la taxe s'appliquera aux camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur l'axe nord-sud (A35 et A36) et sur deux autres routes reliant cet axe à l'Allemagne. Elle sera modulée en fonction du niveau de pollution des véhicules, d'une part, et de leur poids, d'autre part.
L'objectif affiché est "d'améliorer et fluidifier le trafic", avec une réduction espérée de 10% de la circulation.
Depuis plusieurs mois, les acteurs économiques - notamment le secteur du transport, mais pas seulement - protestent cependant vivement contre ce projet qu'ils voient comme un danger pour la compétitivité des entreprises locales.
"Dans l'idéal, moi j'aurais souhaité taxer uniquement les entreprises étrangères, mais le cadre européen ne nous le permet pas", a observé à ce propos le président (LR) de la CEA Frédéric Bierry lors d'un point presse en amont du vote.
La future taxe ne sera "pas neutre" pour les entreprises alsaciennes, et en conséquence la collectivité compte mettre en place pour elles, grâce à l'argent récolté, des "compensations" directes ou indirectes, a-t-il ajouté.
Ces aides pourront permettre aux entreprises de transport de "verdir leurs moteurs", ou viseront à "soutenir l'économie alsacienne dans les enjeux de fret ferroviaire, de fret fluvial, pour faciliter les mobilités économiques", a détaillé M. Bierry.
Ce vote intervient alors que le Conseil régional du Grand Est a également en projet une taxe poids lourds, qui s'appliquerait à partir de mi-2027 sur 500 kilomètres d'axes "stratégiques" dont il a pris le contrôle depuis le 1er janvier.