Les représentants des industries alsaciennes ont répété jeudi, à l'issue de six mois de concertation avec l'exécutif départemental, leur opposition à l'instauration d'une taxe poids lourds visant à diminuer le trafic de transit, qui doit entrer en vigueur en 2027.
"Cette taxe s'apparente à un impôt de production", a vilipendé Sébastien Muller, président de l'Association régionale des industries alimentaires (Aria). "Il y a bien une problématique de transit", avec des camions qui traversent la région, où l'autoroute est quasi-gratuite, mais ne la desservent pas. "Mais nous sommes contre la taxation de l'économie alsacienne, de nos produits et donc du consommateur."
Voté à l'unanimité en octobre par les élus de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA, qui a fusionné en 2021 les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin), cette "éco-contribution R-PASS" prévoit d'imposer une taxe de 0,15 euro par kilomètre pour les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur l'axe nord-sud (A35 et A36) et sur deux autres routes reliant cet axe à l'Allemagne.
"Si on veut produire quelque chose, à un moment il faut des camions. Cet impôt va à l'encontre de la réindustrialisation du territoire", a dénoncé Fabrice Urban, représentant de l'Union des Industries et métiers de la métallurgie. "Il va frapper les entreprises locales à hauteur de 32 millions d'euros par an, ce n'est pas rien, pour lutter contre une nuisance que nous n'avons pas créée, avec une efficacité dont on peut douter."
"Il reste beaucoup de chemin à faire", a estimé David Roemer, vice-président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), qui a intenté un recours devant le Conseil d'Etat contre certaines dispositions de la loi Climat & résilience, qui autorise l'instauration d'une telle taxe.
Le président de la CEA, Frédéric Bierry (LR), a au contraire vanté une concertation "de qualité" pour "optimiser les exonérations, notamment pour l'artisanat", et sur la mise en place "d'aides directes" aux acteurs économiques, par exemple pour verdir la flotte de véhicules.
"L'intégralité des recettes va bénéficier à l'économie alsacienne", a-t-il garanti. "Alors que chez Vinci (qui exploite le contournement de Strasbourg, NDLR), la taxe finance les actionnaires. Nous on finance, avec cette recette, l'économie alsacienne et les services publics alsaciens."
Le calendrier est "maintenu", a-t-il assuré. "Aujourd'hui, les Alsaciens n'en peuvent plus du niveau de pollution sonore, atmosphérique, généré par ce transit étranger. C'est ce qui a fait naître cette taxe".
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