A Survival Expo, le survivalisme tente de gommer son image radicale

Un four solaire, du boeuf stroganoff lyophilisé comestible pendant cinq ans, des couteaux, des arbalètes et des gilets pares-balles. Une liste non-exhaustive du matériel indispensable pour se préparer au pire.

De vendredi à dimanche se tient la "Survival Expo", salon dédié au survivalisme et à l'autonomie organisé depuis 2018, qui table sur 12.000 visiteurs et réunit quelque 120 stands et 170 marques au Parc Floral de Paris.

Dans le même espace, deux thématiques, d'un côté "Survival expo", qui regroupe les équipements de tactiques de défense, de protection, de premier secours et les stages de survie. De l'autre, "Vivre en autonomie", où des entrepreneurs de l'habitat écologique présentent des panneaux photovoltaïques en kit ou des installations d'aquaponie domestique.

En mettant l'accent sur l'autonomie, Clément Champault, co-fondateur du salon, espère "rompre avec le survivalisme américain" associé aux "bunkers, masques à gaz et kalachnikov" et s'élargir au grand public pour le "sensibiliser".

"La plupart du mouvement est représenté par des gens en quête d'autonomie et de résilience, beaucoup de gens agissent comme eux sans forcément le revendiquer", commente l'organisateur.

Derrière son stand dédié aux stages de survie, Julien Kaio, polo et casquette vert camouflage, réfute aussi la "vision sensationnaliste" de son activité.

"Il y a un parallèle qui est souvent fait avec les survivalistes extrémistes qui fantasment sur l'effondrement de la société, on n'est pas du tout dans cette optique-là, on est plutôt en reconnexion avec la nature", revendique celui qui se décrit comme un "aventurier professionnel".

- "Pandémie et demande en hausse" -

Gérante de food-truck et survivaliste de 27 ans, Marjolie Wangue, est enthousiaste de visiter pour la première fois le salon, accompagnée de son mari et de son enfant.

Depuis cinq ans, la jeune femme s'est passionnée de survie, une appétence née "de la crainte de se retrouver dépassée par certains évènements". "Ce n'est pas forcément la peur d'une grande guerre ou de la bombe atomique, mais d'évènements plus proches du quotidien comme une inondation ou la perte d'un emploi", dit-elle à l'AFP.

Depuis, elle a appris a reconnaître les plantes comestibles, à fabriquer ses propres conserves et s'est acheté un fourgon aménagé.

Emeric Pajot, son mari, avoue avoir été sceptique, mais la crise sanitaire l'a convaincu de s'intéresser à la survie.

"Au début je trouvais ça un peu bizarre, mais quand il y a eu le Covid, j'ai été bien content d'avoir des réserves. On était déjà prêts" concède l'homme de 27 ans qui pense que "tout le monde devrait avoir une petite base de survie".

Créateur de la société Bünkl, spécialisée dans la construction de bunkers imperméables aux risques nucléaires, biologiques, radiologiques et chimiques (NRBC), Karim Boukarabila, 52 ans, affirme de son côté avoir "constaté une augmentation de la demande au début de la pandémie".

"Il y a une prise de conscience qu'en France on commence à cumuler des risques sociaux, climatiques, géopolitiques, économiques" affirme-t-il.

"Tout ça alimente des craintes sur l'avenir et crée la demande à laquelle nous répondons", ajoute le dirigeant de la société qui facture à partir de 97.990 euros la construction de bunkers NRBC.

Présent depuis la première édition du salon, l'enseigne de matériel de plein air Au Vieux Campeur attire avec son stand de produits "durables et faciles à réparer."

"La clientèle qui pratique le survivalisme veut ce qui se fait de mieux en termes de produits. On est les rares à proposer des produits à la hauteur de la qualité qu'ils recherchent" estime Aymeric de Rorthays, directeur général du Vieux Campeur, qui considère le survivalisme comme un "marché de niche".

Ex infirmière devenue "formatrice survie", Eléonore Lluna, 41 ans, tente à l'occasion d'une conférence, de capter l'attention d'une quarantaine de curieux.

Il faut "sortir du déni" dit-elle. "Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui tout va bien que tout ira toujours bien".

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