La qualité de l'exploitation de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) s'est "dégradée" en 2018, année où des flacons radioactifs ont aussi été découverts grâce à une "lettre anonyme" sur un site Airbus près de Toulouse, a annoncé mercredi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
A Golfech, la "détérioration", qui porte surtout "sur la surveillance en salle de commande", s'est traduite par la déclaration "de nombreux incidents", y compris depuis janvier dernier, dont en 2018 quatre "anomalies" (niveau 1 de l'échelle internationale de gravité des désastres atomiques, Ines), selon les délégués pour l'Occitanie de l'ASN.
"Il s'agit d'un phénomène nouveau avec une multiplication des incidents" témoignant de "problèmes de compétence et de comportement", a relevé lors d'un point de presse Bertrand Frémaux, de la division de Bordeaux de l'ASN.
Cela fait suite au renouvellement "en cinq ans de la moitié des effectifs" de la centrale, qui compte deux réacteurs d'une puissance de 1.300 mégawatts chacun, a-t-il noté.
Une inspection renforcée mobilisant une vingtaine d'inspecteurs de l'ASN sera menée sur le site du 14 au 18 octobre 2019. Elle sera centrée sur les "facteurs organisationnels et humains" et abordera aussi la "thématique fraude", a-t-il ajouté.
En matière de protection de l'environnement, l'ASN constate également "que le site doit progresser en matière de gestion des substances dangereuses". Concernant la protection des travailleurs, elle relève "à nouveau des défauts dans la préparation et réalisation des activités à fort enjeu de radioprotection".
Le bilan 2018 de l'ASN pour l'Occitanie met aussi en avant la découverte sur un site en chantier d'Airbus à Colomiers, près de Toulouse, de flacons contenant une substance "fortement radioactive" (contenant du radium 226) utilisée pour des peintures dans l'aviation avant son interdiction dans les années 90.
- "lettre anonyme" -
Airbus avait été prévenu en février par "lettre anonyme" de la présence de ces fioles, découvertes stockées dans un fût plombé "dissimulé" dans un pilier de béton, qui devait être détruit, a précisé Hermine Durand, cheffe de la division de Bordeaux.
Le chantier a été stoppé, et l'ASN saisie en mars, avant que les flacons "non dégradés" ne soient évacués en janvier 2019. Un accident avec ce matériel aurait "contaminé le site, provoquant probablement une situation d'urgence radiologique", a-t-elle indiqué.
L'ASN n'a toutefois pas saisi le parquet, une démarche relevant le cas échéant d'Airbus, a précisé Mme Durand.
"Ce sont des flacons de peinture à base de radium 226, avec des petites quantités de radium", a précisé à l'AFP une porte-parole d'Airbus Marie Caujolle. "Cette peinture était utilisée à l'époque sur des cadrans et des jauges pour les pilotes. Cette peinture n'est plus utilisée depuis les années 50", a-t-elle ajouté.
"Airbus a immédiatement prévenu l'ASN, les fioles ont été retrouvées. Elles étaient entourées de plomb, étaient donc relativement sécurisées, dans le béton d'un bâtiment. Airbus a lancé des investigations en interne pour comprendre ce qui s'est passé mais nous n'avons pas plus d'informations", a-t-elle poursuivi.
L'ASN "a indiqué que cet événement n'avait pas eu de conséquence sur le personnel du site, le public et l'environnement. L'ASN a retiré ces fioles via un sous-traitant", a-t-elle conclu.
L'agglomération toulousaine accueille le siège mondial d'Airbus ainsi que plusieurs sites de production.
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