Où va Renaissance sur l'écologie ? Peu audible sur le sujet, comme d'autres partis, la famille macroniste peine à parler d'une seule voix et tente de clarifier sa doctrine, à l'heure où les offensives se multiplient contre certains marqueurs politiques du premier quinquennat.
"Sur l'écologie on reste pertinent", assure un cadre. "On est à poil total", contredit un autre. Un drôle de +en même temps+ traverse le groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) à l'Assemblée.
Un manque d'assurance qui intervient à un moment délicat où l'extrême droite et Les Républicains sont à la charge pour revenir sur des marqueurs de la loi Climat et Résilience de 2021.
Se servant du projet de loi de "simplification" comme vecteur, la droite et le RN ont fait passer en commission un assouplissement du "zéro artificialisation nette" (ZAN) et surtout la suppression des "zones à faibles émissions" (ZFE) dont l'accès est réservé aux véhicules les moins polluants.
Embarrassant pour les macronistes, certains députés ont voté pour ces amendements de suppression. Le groupe n'est pas le seul à se poser des questions, - plusieurs députés de gauche s'étant abstenus -, mais ses divisions servent les oppositions.
"C'est la même majorité qui a fait les ZFE, qui veut défaire les ZFE ?", a fait mine de s'interroger l'ancien président François Hollande lors d'un récent colloque à l'Assemblée, dans une réflexion plus large sur la compréhension de l'action publique par les Français.
Et des macronistes s'interrogent. "On n'a pas besoin de revenir sur le ZAN, ni sur les ZFE. On ne peut pas se permettre de faire et de défaire les lois", alerte Sandrine Le Feur, présidente Renaissance de la commission du développement durable.
La députée du Finistère reconnaît un recul dans la place de l'écologie dans les débats internes au groupe. Avec la dissolution, "on a perdu beaucoup de députés qui étaient très investis sur la question", regrette-t-elle, tout en saluant des réflexions du côté du parti.
- "Backlash" -
Le sujet est plus largement révélateur d'une équation complexe en macronie, entre une politique de l'offre chevillée au corps, le besoin d'incarner une ligne crédible sur les sujets environnementaux, et les pressions nourries venues de la droite et du RN.
"C'est assez difficile, Il faut essayer d'articuler le changement écologique avec notre politique de croissance. Mais, sur des dispositifs comme le ZAN ou les ZFE, je pense qu'il faut assumer une certaine forme de fermeté. Sinon on ne tiendra jamais nos objectifs environnementaux", estime Mathieu Lefèvre, vice-président du groupe EPR, classé à l'aile droite.
Macroniste historique, l'ancien ministre de l'Industrie Roland Lescure relève plus largement que "le problème c'est qu'on a conçu l'écologie à la française avec beaucoup de normes. Alors qu'il y a un autre discours à tenir d'écologie positive avec un modèle de développement vertueux, qui crée des emplois".
"On essaye de travailler avec certains macronistes mais ça ne fait pas des majorités, parce qu'au fond une grande partie de leur groupe se désintéresse de ces sujets", pique la patronne des députés écologistes Cyrielle Chatelain.
Soucieux de ne pas laisser ce discours sans réponse, le patron du parti Gabriel Attal a missionné deux personnalités pour mener une convention thématique sur la transition écologique : Antoine Pellion, qui a quitté en février le secrétariat général à la planification écologique, et l'eurodéputé Pascal Canfin.
Avec pour ambition de "réaffirmer l'importance du sujet pour Renaissance, à un moment où certains sont fragiles. Ou certains peuvent se dire +bon le vent a tourné, donc moi aussi+. Non !", explique M. Canfin à l'AFP.
"Le backlash (retour de bâton contre l'écologie, ndlr) a une résonance au centre", et à Renaissance, reconnaît l'eurodéputé, pour qui la convention doit permettre de "renouveler les argumentaires" du parti sur l'écologie, mais aussi de "rassurer sur le fait que ça fait bien partie de l'identité de Renaissance".
Et l'élu de défendre le bilan du premier quinquennat : "les Verts et les ONG trouvaient que par définition, rien de ce qu'on faisait n'était assez, mais lorsque ça commence à être démantelé tout à coup, ils trouvent que c'est formidable".