Le nouveau groupe écologiste du Sénat a demandé jeudi la mise en place d'"une commission d'enquête" concernant l'OPA que Veolia veut lancer sur le groupe d'eau et de déchets Suez, en dénonçant une opération "opaque" aux conséquences potentiellement "désastreuses" sur le plan social.
"Quelle est la stratégie de l'Etat?" dans cette opération, s'est inquiétée Sophie Taillé-Polian (Générations), lors d'une conférence de presse. "Plus cette affaire avance, plus elle s'opacifie. On a le sentiment d'une stratégie cachée".
Son collègue du PS, Rachid Temal, a dit craindre "un mécano industriel aux conséquences désastreuses" sur le plan social. Avec la fusion de Suez et Veolia, "4.000 emplois en France pourraient être menacés, 10.000 dans le monde", a ajouté Raymonde Poncet (EELV).
"Est-ce que tout doit être livré au marché ou y a-t-il des biens communs", sur lesquels "l'Etat prendrait la main ou, au moins, serait régulateur?", s'est demandé Fabien Gay (PCF).
Les membres du nouveau groupe écologiste (douze membres), formé à l'issue des récentes élections sénatoriales, demandent donc "une commission d'enquête sénatoriale" pour étudier la question.
Ils ont déjà auditionné l'intersyndicale de Suez et des représentants syndicaux d'Engie (propriétaire des parts de Suez qu'il veut vendre à Veolia) et souhaitent à présent auditionner les responsables des trois entreprises (Engie, Suez, Veolia), ceux de l'Autorité des marchés financiers et de l'Autorité de la concurrence, ou encore des ministres de l'Economie Bruno Le Maire et de la Transition écologique Barbara Pompili.
Le 7 octobre, LFI avait déjà demandé une commission d'enquête, afin de vérifier les révélations de Mediapart sur les conditions dans lesquelles Engie avait décidé, deux jours plus tôt, de vendre ses parts de Suez à Veolia.
Selon Mediapart, le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, aurait appelé les deux représentants de la CFDT au conseil d'administration d'Engie pour leur demander de ne pas prendre part au vote qui a donné le feu vert à la vente des actions que le groupe possède à Veolia, malgré l'opposition de deux représentants de l'Etat.
Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le 9 octobre en référé la "suspension de l'opération" d'acquisition, ainsi que de l'OPA à venir de Veolia sur Suez.
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