Suez-Veolia: encore quelques jours de suspense

A moins d'un nouveau rebondissement, il ne reste que quelques jours de suspense dans la bataille qui oppose Suez et Veolia, le premier cherchant toujours un moyen de défendre son indépendance face à son rival qui le convoite et semble bien parti pour arriver à ses fins d'ici lundi.

La nouvelle offre du géant de l'eau et des déchets Veolia sur 29,9% du capital de son concurrent de toujours détenus par l'énergéticien Engie court jusqu'à lundi minuit.

L'affaire semble bien engagée: Engie a dit mercredi soir accueillir "favorablement" l'offre désormais relevée à 3,4 milliards d'euros.

Mais le groupe s'est donné un nouveau délai de cinq jours pour peaufiner cet accord, voulant graver dans le marbre le caractère "amical" de la démarche de Veolia.

Ce dernier doit ainsi formaliser "son engagement inconditionnel de ne pas lancer d'offre publique d'achat qui ne soit pas amicale".

Une marque d'apaisement réclamée par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui voit d'un mauvais oeil la guerre publique à laquelle se livrent depuis un mois trois fleurons français, en pleine crise économique et sanitaire.

Suez, tout en se disant ouvert à un dialogue constructif avec Veolia, se raccroche toujours pour sa part à la possibilité d'une contre-offre qui préserverait son indépendance.

Le fonds français Ardian a fait part jeudi matin de son "intérêt" pour racheter l'essentiel du bloc détenu par Engie et lancer une offre amicale avec un consortium.

C'est "un plan qui du point de vue de l'intérêt des différentes parties prenantes a un certain nombre de vertus", a souligné le président de Suez, Philippe Varin, auprès de l'AFP.

Cette manifestation d'intérêt a aussi reçu le soutien des syndicats de l'entreprise. Elle "coche toutes les cases", a affirmé Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité d'entreprise européen de Suez, qui y voit une garantie du maintien de l'intégrité de l'entreprise et de l'emploi.

- "Cinq jours pour discuter" -

Cette lettre, consultée par l'AFP, propose de porter l'actionnariat salarié à environ 10% et évoque des investisseurs à connotation "socialement responsable".

Mais il ne s'agit à ce stade que d'une "lettre d'offre indicative" de quatre pages, présentée à la dernière minute au conseil d'Engie mercredi, alors que l'offre de Veolia est pour sa part ferme et détaillée.

C'est "une vague marque d'intérêt qui ne contenait ni le prix, ni le consortium d'investisseurs au nom duquel il était fait, ni les conditions d'exécution...", a balayé mercredi soir le président du conseil d'administration d'Engie Jean-Pierre Clamadieu, pour qui "le temps d'une offre alternative est passé".

Suez et Veolia, après des échanges de plus en plus âpres depuis un mois, sont désormais pressés par les pouvoirs publics d'essayer de trouver un terrain d'entente.

"Nous avons cinq jours pour discuter les points concernant les failles que nous avons dénoncées et obtenir des clarifications", a indiqué M. Varin. "Parce que, derrière la communication sur le superchampion mondial, il y a de réelles failles dans ce projet" de Veolia.

Depuis la fin août, Suez alerte sur les conséquences probables d'une absorption par son rival sur la concurrence ou ses salariés, brandissant le chiffre de 5.000 emplois français menacés, fermement démenti par Veolia.

L'offre de Veolia "va probablement être acceptée" avec "des progrès significatifs en direction d'un accord", estiment les analystes de Jefferies.

Le fonds français Meridiam, sur les rangs pour reprendre l'activité Eau de Suez en France si ce dernier est racheté par Veolia, a notamment indiqué vendredi vouloir travailler avec les équipes dirigeantes de Suez dans la nouvelle entité.

"Meridiam souhaite depuis toujours porter le projet de développement autour de Suez Eau France avec toutes les équipes dirigeantes du groupe Suez qui n'ont pas vocation ou ne souhaitent pas rejoindre Veolia, y compris son directeur général Bertrand Camus avec qui nous partageons la passion de la transformation écologique", a indiqué le fonds dans une déclaration à l'AFP, confirmant des informations du Figaro.

Il a d'autre part indiqué être intéressé par d'autres activités de Suez, sans préciser lesquelles.

Le verdict doit donc tomber d'ici lundi minuit. A moins d'un nouveau délai... "Gagner cinq jours, c'est bien. On verra si c'est suffisant", avance Philippe Varin.

jmi-lem/soe/LyS