Suez: le conseil d'administration dénonce une démarche "hostile" de Veolia

Le conseil d'administration de Suez, dont Veolia souhaite racheter les parts détenues par Engie, dénonce un projet "hostile", et apporte son soutien aux dirigeants du groupe qui veulent susciter un projet alternatif, indique-t-il jeudi dans un communiqué.

Réuni mercredi, le conseil d'administration du spécialiste de la gestion de l'eau et des déchets a considéré à l'unanimité des présents (les représentants d'Engie n'y ont pas pris part) "que le projet d'opération hostile annoncé par son concurrent Veolia est incompatible avec l'intérêt de Suez".

Veolia, qui escompte des synergies, omet des coûts additionnels majeurs qui mèneraient à de "multiples cessions d'actifs locaux" et à un "démantèlement", alors que les 90.000 salariés de Suez ont exprimé de grandes "craintes légitimes sur la préservation de leur emploi", met en garde le conseil d'administration de Suez.

Il ajoute qu'il apporte "son plein soutien à l'équipe de direction", dans l'accélération du plan stratégique présenté à l'automne 2019 comme dans la recherche d'une solution alternative au rachat par Veolia.

Dans un courrier séparé, l'administrateur représentant les salariés actionnaires, Guillaume Thivolle, "demande au conseil d'administration d'Engie, et donc à l'Etat, qui y est partie prenante, de surseoir dès à présent à la vente de sa participation dans Suez", le temps que l'entreprise et ses salariés aient le temps de proposer un projet alternatif.

"Les salariés du groupe Suez, et tout particulièrement les salariés actionnaires (4,1% des parts, NDLR), sont prêts à se mobiliser fortement et concrètement pour augmenter leur participation dans le capital de leur entreprise, en laquelle ils croient profondément", écrit M. Thivolle dans cette "lettre ouverte aux administrateurs d'Engie et aux pouvoirs publics".

Veolia a présenté le 30 août à Engie une offre d'achat valable un mois, portant sur l'essentiel des parts que l'énergéticien détient dans Suez. Si ce rachat se concrétisait, Veolia prévoit de lancer ensuite une OPA sur le reste des actions.

Selon le conseil d'administration de Suez, "le prix proposé par Veolia à Engie se situe à un niveau très significativement inférieur à la valorisation intrinsèque de Suez", alors que Veolia offre au géant de l'énergie 2,9 milliards d'euros pour sa participation de 29,9% dans le capital de Suez.

Pour le conseil, "la structure d'ensemble proposée par Veolia expose Suez à un risque de prise de contrôle dans des conditions inacceptables. Le projet pose d'importants problèmes de concurrence et réglementaires, en France et à l'étranger. Le +grand champion+ constitue un mirage industriel dans les services à l'environnement", estime-t-il.

Jeudi, des membres de l'intersyndicale de Suez, qui veulent mobiliser les élus, ont rencontré à l'Assemblée nationale des représentants du groupe socialiste.

"Ces échanges ont renforcé nos inquiétudes quant aux risques de constitution d'un monopole et aux conséquences sociales, industrielles et pour les consommateurs des contreparties qui seraient nécessaires au regard des règles en matière de concurrence", écrivent les députés Valérie Rabault et Boris Vallaud dans un communiqué.

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