Arrêter de se "chamailler" et reparler d'écologie: pour tourner la page du feuilleton "désastreux" de l'affaire Bayou, députés et sénateurs Verts ont défendu à Strasbourg la crédibilité de leurs propositions face au plan de sobriété du gouvernement.
Les 23 députés nationaux, 12 sénateurs et 12 députés européens d'EELV étaient conviés pour ces journées parlementaires, organisées dans une auberge de jeunesse du centre-ville de la capitale alsacienne.
Parmi eux, la députée Sandrine Rousseau et l'ex-secrétaire national Julien Bayou, au coeur d'une polémique après les accusations relayées par la première sur des violences psychologiques que ce dernier aurait commises envers son ex-compagne, qu'il nie.
Mais ni eux ni leurs collègues n'ont souhaité relancer le feuilleton, qui a ébranlé la rentrée politique du parti.
"C'est une séquence désastreuse", a admis l'ex-candidat Vert à la présidentielle Yannick Jadot, appelant à ce que "certains comportements individuels cessent". "Après le gâchis, il faut passer à autre chose", a aussi estimé sa collègue au Parlement européen, Karima Delli.
"La solution aujourd'hui à la crise, c'est l'écologie, donc arrêtons ne nous chamailler entre nous et parlons aux gens des problèmes des gens", a appuyé l'eurodéputé David Cormand.
Pour se remettre en selle, les écologistes ont saisi au bond le plan de sobriété énergétique présenté jeudi par le gouvernement pour éviter les pénuries de gaz ou d'électricité cet hiver.
"Ils disent +on va fermer les lumières une demi-heure plus tôt, si vous voulez bien+. C'est pas à la hauteur! On a 50 ans de retard, c'est une forme de climato-scepticisme", a lancé Sandrine Rousseau.
"C'est un plan dangereux qui laisse croire qu'en changeant des ampoules on va résoudre la crise", a renchéri la cheffe de file des députés Verts Cyrielle Chatelain, appelant à "changer d'échelle, changer de modèle".
Et pour ça, les écologistes ont des propositions à faire valoir, mûries de longue date, ont-ils plaidé en choeur.
"On a des solutions, qui peuvent se mettre en place rapidement", grâce notamment à l'expérience acquise dans les collectivités où les Verts sont aux manettes, a insisté le sénateur Guillaume Gontard, citant l'exemple de l'interdiction des panneaux lumineux à Grenoble "depuis quasiment dix ans".
- "demi-virgule de différence" -
"On a des maires dans des grandes villes qui agissent et sont tout à fait crédibles", a appuyé la députée Sabrina Sebaihi.
Pour "montrer que l'impact de nos mesures sera positif", les écologistes vont d'ailleurs lancer une "mission parlementaire et citoyenne", sur le terrain et "au contact des habitants", a annoncé Cyrielle Chatelain.
Les Verts ont égrené les principales mesures de leur plan "de rupture pour le climat", à base de rénovation thermique massive des bâtiments et d'amélioration des transports en commun.
Ils ont aussi rappelé leur alternative au bouclier tarifaire du gouvernement sur l'énergie, avec un seuil en-dessous duquel tous les ménages bénéficieraient d'un tarif abordable pour leurs besoins essentiels.
Les écologistes comptent aussi marquer leur "singularité" au sein de la Nupes, en se montrant "constructifs" et pas dans l'opposition systématique.
Avec le projet de loi que doit prochainement examiner le Parlement sur les énergies renouvelables, ils ont "une responsabilité particulière", ont plaidé plusieurs orateurs, lors d'un débat collectif.
"On veut un texte utile pour les Français. Si le compte y est, on n'hésitera pas à le voter", a expliqué le député européen Mounir Satouri.
"Comme à chaque fois que les écologistes ont eu des périodes compliquées, on se remet au travail", résume la députée Sandra Regol. Tout en sachant qu'une nouvelle épreuve interne se profile, avec un congrès le 10 décembre, "un moment où on exacerbe la demi-virgule de différence entre nous", sourit-elle.