A Strasbourg, les écologistes défendent leurs bilans municipaux

Au deuxième jour de leurs journées d'été à Strasbourg, les Ecologistes ont défendu leur bilan municipal, confiants dans leurs chances de conserver leurs villes acquises en 2020, après un été caniculaire symptomatique du changement climatique et une forte mobilisation citoyenne contre la loi Duplomb.

Après la vague verte des municipales de 2020, lorsque les écologistes avaient gagné une dizaine de grandes villes, dont Lyon, Marseille (dont ils ont rapidement laissé le siège de maire à un divers gauche), Bordeaux et Strasbourg, l'enjeu est d'abord de conserver leurs bastions, dans un contexte où l'écologie n'a plus autant le vent en poupe qu'il y a six ans.

Pourtant les maires écologistes se sentent confiants: "On se sent porté par un mouvement populaire qui souhaite plus d'écologie", affirme Jeanne Barséghian, maire de Strasbourg. "Avant c'était les marches climat, les gilets jaunes, maintenant c'est la mobilisation contre la loi Duplomb", souligne-t-elle.

La pétition contre une disposition de cette loi agricole prévoyant la réintroduction d'un pesticide dangereux de la famille des neonicotinoïdes a recueilli plus de 2 millions de signatures au coeur de l'été. "Ça prouve que la société française n'en a pas marre de l'écologie", note Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon.

Désormais "on dirige des grandes villes, on a des bilans à faire valoir", argumente Mme Barséghian, évoquant par exemple les 500 millions d'euros investis sur sa mandature pour développer les mobilités (trains, car express interurbain, nouvelle ligne de tramway), la gratuité des transports pour les moins de 18 ans, ou son plan piéton. "On a fait baisser de 40% la pollution en 3 ans".

Pour Mohamed Gnabaly, maire de l'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), petite commune de 9.000 habitants, écologiste depuis 2001, "on était considéré comme des hippies un peu fous, on est devenu +in+", se prévalant de la rénovation de la quasi-totalité des 60% des logements sociaux de sa commune, ou de la mise en place d'un parc ou d'un square à 5 minutes de tous les habitants.

"Dans un monde pourri de fake news, ce qui ne ment pas, ce sont les questions de la rue en bas de chez soi", considère pour sa part David Belliard, adjoint à la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, et candidat pour 2026. "Quand les gens constatent par eux-mêmes qu'il y a moins de bouchons dans leur ville, ils voient qu'on a travaillé".

"Nous avons transformé ce qui relevait d'une nécessité en plaisir, ce qui relevait d'un besoin en désir", ajoute-t-il, en citant la Seine rendue baignable à Paris, en pleine période de canicule.

-"bataille culturelle"-

Pour la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, les maires écologistes "ont souvent été en avance". "La piétonnisation, les rues qu'on végétalise, on a gagné la bataille culturelle des politiques municipales", se réjouit-elle.

Les Ecologistes ont d'ailleurs rendu public vendredi un "socle programmatique" de 200 propositions pour les municipales, à destination des candidats écologistes ou des listes citoyennes, souvent inspirées des réussites écologistes dans les communes.

Après les polémiques des débuts de mandats en 2020 sur la suppression de sapins de Noël ou le Tour de France, les maires écologistes se sont surtout fait étriller sur la question de la sécurité, jusqu'à être accusés de laxisme par la droite et par l'Etat.

"Mais c'est un sujet largement monté en épingle. Je ne vois dans quelle ville écologiste on va nous dire qu'il y a plus de criminalité parce qu'il y a un maire écologiste", répond l'eurodéputée Mélanie Vogel.

"Sur la sécurité, qui est une compétence régalienne, nous n'avons pas à rougir", insiste Marine Tondelier, évoquant une sécurité "à 360 degrés", c'est-à-dire qu'il faut aussi que "les enfants aient à manger", que l'eau soit potable, la qualité de l'air bonne ou que les femmes victimes de violences soient protégées.

"Il n'y a pas de poussée d'insécurité dans les villes écologistes", défend un cadre du parti, qui rappelle que les écologistes "n'ont pas débranché de caméra de videosurveillance, ni désarmé les policiers municipaux. Au contraire, ils les ont parfois armés", comme Pierre Hurmic à Bordeaux.