A Strasbourg, "écolos et europhiles" réunis pour un grand débat plutôt consensuel

Des retraités, quelques étudiants et militants écologistes mais aucun "gilet jaune" revendiqué : près de deux cents personnes se sont retrouvées lundi soir à Strasbourg pour un grand débat sur la transition écologique aux accents consensuels.

"J'imagine que nous étions entre écolos et europhiles", résumera un citoyen à l'issue de ce débat organisé à l'École nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg (ENGEES).

"Je suis ici à votre écoute, (...) c'est une opportunité pour les citoyens de s'emparer de questions complexes", avait lancé d'emblée l'organisateur de la réunion, le député LREM du Bas-Rhin Thierry Michels, entouré de deux scribes affairés pendant les deux longues heures d'échanges.

Puis des questionnaires à en-tête du grand débat national -"un pour deux ou trois, pour sauver des arbres"- ont été distribués. Certains les rempliront, d'autres les ignoreront et d'autres encore les emporteront pour y réfléchir davantage.

Les micros passent de main en main et les idées s'enchaînent, succession de propositions, souvent chiffres à l'appui, plutôt que véritable débat, une minute 30 chrono par intervention. Thierry Michels veille au grain et rappelle à l'ordre les bavards.

"Il faudrait favoriser la voiture à l'hydrogène plutôt que l'électrique, très polluante", avance un retraité.

Un jeune actif s'adresse aux fumeurs: "J'ai une mesure concrète et surtout gratuite -un mégot dans les caniveaux, ça pollue jusqu'à 500 litres d'eau-, il faudrait faire une campagne d'information pour pousser les fumeurs à jeter leurs cigarettes à la poubelle".

Thierry Michels salue "les petits gestes du quotidien qui ont de grands effets".

D'autres appellent à la sauvegarde de la faune et de la flore alsacienne: des forêts jusqu'aux espaces verts, en passant par les buissons le long des routes, l'amenuisement de la biodiversité préoccupe l'assistance.

- "Sujets tabous" -

Puis Jean-Claude Meyer, militant écologiste, s'empare du micro pour relancer le débat autour du grand contournement ouest (GCO), une rocade autoroutière dont les travaux viennent d'être lancés aux abords de la capitale alsacienne en dépit de la mobilisation de zadistes et de grévistes de la faim.

"Nous étions une cinquantaine sur le site du GCO aujourd'hui: c'est un crime contre le climat, cette grande connerie obsolète! C'est bien de ne pas distribuer des feuilles à tout le monde, mais si vous voulez +sauver les arbres+, arrêtez le projet du GCO", s'emporte-t-il.

L'intervention est saluée par des applaudissements nourris, mais lorsque Jérôme, un étudiant, veut relancer le sujet, il est interrompu par Thierry Michels. "Ce n'est pas une réunion sur le GCO, je veux bien reprendre si vous parlez d'autre chose", coupe le député, visiblement agacé.

"C'est ce à quoi je m'attendais: il y a certains sujets tabous", déplorera Antoine à l'issue de la réunion.

Quand vient le moment de débattre du financement de la transition écologique, Ambre, étudiante en sciences politiques, avance l'idée d'une taxe sur la viande: "Un végétarien qui roule en 4x4 pollue moins qu'un mangeur de viande qui roule à vélo". Elle aussi sera chaleureusement applaudie par une assemblée manifestement satisfaite de voir les jeunes s'emparer de ces enjeux.

La restitution des échanges, explique encore Thierry Michels, sera publiée sur le site du grand débat national. "Contribuez et partagez vos idées", exhorte-t-il.

A l'issue, Jean-Marc Morzuch, retraité d'une entreprise de panneaux solaires salue un "débat de qualité mis en place grâce aux +gilets jaunes+". Et comme lui, ils sont nombreux à souhaiter participer aux prochaines réunions.

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