"Il faut confiner" les 42.000 tonnes de déchets dangereux sur le site de Stocamine (Haut-Rhin), a insisté mardi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, une semaine après la suspension, par la justice, de ce stockage illimité dans le temps.
"Si on ne fait rien, si on ne confine pas (...), on risque une contamination de la nappe d'Alsace. Donc il faut confiner", a martelé le ministre de la Transition écologique en marge d'un déplacement à Metz pour lancer des travaux régionaux de planification écologique.
Et ce malgré la décision du tribunal administratif de Strasbourg, le 7 novembre, de suspendre "provisoirement" le stockage illimité de ces déchets, dans l'attente d'une décision sur le fond "dans les prochains mois".
"Le TA suspend, il n'annule pas" le stockage illimité des déchets, a encore argué M. Béchu.
"On peut se dire qu'il aurait fallu mieux gérer les choses il y a 25, 20, 15, 10, peut-être même encore il y a 5 ans", a-t-il poursuivi, mais il faut désormais "confiner avant 2027".
Sur la question du stockage "illimité", le ministre a indiqué qu'"un article dans le projet de loi de finances a créé un fonds" pour aller chercher ces déchets lorsque les solutions techniques et technologiques permettront d'envoyer "des robots, quand ils seront suffisamment performants" pour le faire.
"En créant dès maintenant les conditions budgétaires et juridiques pour aller les chercher, nous remplissons notre obligation vis à vis des générations futures", a-t-il assuré.
Pour le TA de Strasbourg, "il y a un doute sérieux sur la légalité de la décision de stockage des déchets pour une durée illimitée".
Celui-ci a enjoint au préfet du Haut-Rhin, qui avait signé le 28 septembre l'arrêté de stockage définitif, "de prendre les mesures nécessaires afin d'assurer la maintenance du site et de l'ensemble des galeries".
Le confinement illimité "est susceptible de méconnaître l'article 1er de la Charte de l'environnement qui dispose que +chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé+", avait fait valoir le tribunal.
Cette décision constitue, selon Me François Zind, l'avocat d'Alsace Nature, la "première application (...) de l'obligation pour l'Etat de prendre en compte dans ses décisions les générations futures".
Mines de Potasse d'Alsace (MDPA), qui gère le site et dont l'Etat est l'unique actionnaire, se préparait, avant cette décision, à relancer les travaux d'enfouissement visant à confiner la totalité des déchets.