Caché derrière son casque intégral, un étudiant rennais tend une part de pizza à Alexandre, SDF. Star des réseaux sociaux, ce livreur en skate électrique offre ce soir-là une cinquantaine de pizzas avec la Croix-Rouge aux sans-abri de Rennes, grâce aux milliers d'euros de dons qu'il a récoltés en ligne.
Le jeune homme a lancé une cagnotte en ligne en décembre pour offrir des repas aux plus démunis qu'il croise sur son trajet. "Créer une cagnotte pour faire contribuer ses abonnés à une bonne cause, c'est quelque chose d'assez inédit", déclare à l'AFP le "Livreur du futur", son surnom sur les réseaux sociaux.
Depuis le lancement de la cagnotte, il a récolté près de 6.000 euros. "Ça m'est tombé dessus, j'ai fait une vidéo avec un sans-abri et elle a beaucoup marché. On a collecté plus de 4.500 euros d'un coup", raconte-t-il.
Suivi par plus de 120.000 abonnés sur Tiktok, plusieurs de ses vidéos dépassent le million de vues sur Tiktok et Instagram. Son allure imposante, son casque intégral et la lumière verte de son skate la nuit le rendent facilement reconnaissable. "T'es le mec de Tiktok?", lui lance un jeune en le croisant.
"Je l'avais déjà croisé à Rennes", se souvient un adolescent à la rue depuis deux jours, qui le suit aussi sur les réseaux. "Ça fait du bien, ça change des sandwichs".
"Il a un style de Daft Punk", sourit de son côté Alexandre en regardant l'homme casqué qui vient de lui tendre une part de pizza.
Le jeune homme se filme chaque soir et documente son quotidien de livreur depuis septembre. Sa particularité: il ne se déplace qu'en skate électrique. Equipé d'une caméra 360 degrés, il filme ses livraisons de repas et publie les vidéos sur les réseaux sociaux.
Fuyant la célébrité, il garde secrets son identité, son âge et même le domaine de ses études.
- "Ouvrir les yeux" -
Il distribue habituellement trois à quatre repas à des SDF chaque soir. Mais dépassé par l'ampleur des dons à sa cagnotte, "le Livreur du futur" a contacté la Croix-Rouge pour mener une opération à plus grande échelle.
"Ça s'est fait assez naturellement", selon François Tripoz, responsable du Samu social Croix-Rouge à Rennes. "C'est l'occasion d'ouvrir les yeux des gens et de montrer que la solidarité est possible au quotidien tous les jours par un petit don".
"J'ai commencé les livraisons pendant la crise du Covid-19 en 2020. C'était un moyen légal de faire du skate électrique pendant le confinement", raconte l'étudiant/livreur. "C'est devenu mon revenu complémentaire à côté de mes études".
Aujourd'hui, il mène ses livraisons le soir, en parallèle de ses études. Il monte ses vidéos la nuit, après son travail. "Je termine mes journées vers 03H00 du matin", confie-t-il.
Face à ce succès, il souhaite désormais lancer sa propre plateforme. "Ça me permettrait de livrer mes abonnés en proposant un service de livraison gratuit", dit-il. Et, par la même occasion, de fidéliser les clients et multiplier les dons.