Régulation de la température des bureaux, aménagement du temps de travail, désignation de "référents" sobriété: le Medef a transmis au gouvernement un "compte-rendu" des discussions des partenaires sociaux concernant la sobriété énergétique, en vue de la présentation du plan du gouvernement jeudi.
Sollicités par le gouvernement au début de l'été pour faire connaître leurs propositions, syndicats et patronat se sont réunis le 13 septembre et ont "souhaité identifier des mesures simples et pragmatiques", explique ce document dont l'AFP a obtenu copie.
Le texte liste des propositions dont toutes ne font pas consensus entre les participants. La CGT a pris part aux discussions mais n'a pas signé le document, à l'inverse des autres syndicats représentatifs (CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC) et du patronat (Medef, CPME, U2P).
Première proposition: "réguler (les) températures sur les lieux de travail". Le texte rappelle "l'utilité d'optimiser les températures de chauffage à 19°C et de climatisation à 26°C dans la mesure du possible" tout en soulignant que cela "ne doit pas nuire au bien-être, à la santé et à la sécurité des salariés (...) qui occupent des postes statiques".
Cette mesure doit passer, selon les syndicats, par des "discussions dans le cadre de la négociation et du dialogue social de proximité".
Autre proposition consensuelle, "lutter contre le gaspillage énergétique": il faut "éteindre les enseignes, changer les ampoules par des LED, fermer les portes", mettre en veille le matériel électrique...
Troisième point, le plus sujet à crispations: "aménager le temps de travail".
Pour le patronat, "des aménagements du temps de travail peuvent permettre de diminuer la consommation d'énergie", ou de lisser des pics, notamment par "des plages horaires de travail différenciées". Pour les syndicats, "cela doit se faire par une négociation avec les partenaires sociaux", écrivent les auteurs.
Selon des sources syndicales, les représentants des salariés craignent que le patronat ne prenne appui sur cet argument pour étendre le travail de nuit ou le week-end, et plus largement accroître la flexibilité du temps de travail.
Ils ont répliqué en invitant à "réinterroger certaines pratiques comme le travail du dimanche", selon le texte.
Les divergences concernent aussi les mobilités: si certains syndicats souhaitent étendre aux entreprises de moins de 50 salariés l'obligation de négocier un plan de mobilité et envisagent une "hausse de la prise en charge des frais de transport en commun", "certaines organisations patronales émettent des réserves sur une telle orientation".
Syndicats et patronat s'accordent en revanche sur l'instauration de "référents de la sobriété énergétique", le refus d'une "généralisation systématique du télétravail", la nécessité d'envisager "des investissements à plus long terme" (rénovation de bâtiments, énergies renouvelables), l'intérêt d'un système de "météo énergie" (Ecowatt), l'encouragement au "développement des transports ferroviaires et fluviaux".
Certains souhaitent que la crise énergétique permette de "questionner la régulation des prix de l'énergie".
Et, alors que "de plus en plus d'entreprises s'interrogent légitimement sur la poursuite de leur activité", ce qui pourrait en amener certaines à recourir au chômage partiel, les syndicats "considèrent que les salariés doivent être pris en charge à 100%".