La Haute autorité de santé (HAS) a recommandé lundi de dépister les enfants et les femmes enceintes vivant près de sites pollués à l'arsenic, fixant à cette occasion les seuils de toxicité pour ce composé dangereux pour la santé.
Cette question avait été mise en lumière l'an dernier après la découverte de cas de surexposition d'enfants à l'arsenic dans la vallée de l'Orbiel, dans l'Aude, où la mine d'or de Salsigne a légué à sa fermeture en 2004 des millions de tonnes de déchets toxiques, une situation aggravée par des inondations en octobre 2018.
Mais ce site est loin d'être le seul concerné, et la France compterait "7.000 sites pollués ou potentiellement pollués", selon la HAS.
Pour assurer un meilleur suivi des riverains de tous les sites qui dépassent le seuil de 25 mg d'arsenic par kilo de terre, la HAS et la Société de toxicologie clinique (STC) publient lundi des "recommandations de bonne pratique" à destination des pouvoirs publics et des professionnels de santé.
Ainsi, les médecins doivent "saisir l'occasion de toute visite pour déclencher des analyses d'urine" chez trois catégories de population: les enfants âgés de 6 mois à 4 ans (souvent en contact avec la terre), les femmes enceintes et celles qui envisagent de commencer une grossesse, et enfin les personnes de plus de 4 ans ayant des comportements à risque (par l'ingestion de substances non comestibles).
Si un cas de contamination est découvert, les dépistages doivent être élargis à "toute personne consommant des légumes produits localement ou des eaux de surface ou souterraine locales".
Même si les tests ne révèlent pas de contamination, le rapport recommande malgré tout de mettre en place un suivi avec un dépistage à intervalle régulier: semestriel chez les enfants de 6 mois à 4 ans, annuel chez les enfants de 5 et 6 ans, tous les 3 à 6 mois à partir de 7 ans chez les personnes présentant un comportement à risque.
A cette occasion, la HAS et la STC ont fixé les seuils de toxicité dans les urines à 10µg d'arsenic par gramme de créatinine pour les adultes. Pour les enfants de moins de 12 ans, ce seuil doit être complété par un maximum de 11µg d'arsenic par litre d'urine.
Les deux instances rappellent qu'il n'y a pas de traitement médicamenteux contre la surexposition chronique à l'arsenic qui peut provoquer à terme effets cutanés, respiratoires, neurologiques ou cancérogènes.
Il faut donc réduire l'exposition et la quantité absorbée, en ne consommant pas de légumes produits sur place ni l'eau des puits, en se lavant les mains régulièrement, en nettoyant les intérieurs avec des linges humides pour limiter la dispersion des poussières...