Sidérurgie: les autorités doivent participer à la gouvernance des groupes européens, selon une étude

Les autorités doivent entrer dans la gouvernance des géants européens de la sidérurgie comme ArcelorMittal et davantage conditionner les aides publiques, pour limiter les conséquences sociales de la crise du secteur, selon une étude du cabinet Syndex consultée lundi par l'AFP.

"Dans la sidérurgie comme dans les autres industries lourdes, les règles du libre-échange ne s'appliquent plus", constate l'étude, publiée alors qu'ArcelorMittal a annoncé en avril un plan social, qui touche ses usines françaises, après des annonces similaires de certains de ses concurrents dans d'autres pays européens.

L'étude souligne ainsi que l'Europe est prise en étau entre la Chine, qui, depuis "un pic de production en 2020, maintient ses capacités grâce à des subventions massives" (10 fois celles de l'OCDE), et les Etats-Unis, qui ont fermé "durablement leur marché via des droits de douane".

De ce fait, "limiter les importations", comme le prévoit Bruxelles, "est nécessaire", mais "l'intervention publique" doit être "renforcée", estime cette étude.

Syndex prend l'exemple de groupes sidérurgiques européens de taille plus modeste, comme l'entreprise suédoise SSAB ou l'allemande Salzgitter. Financés en partie par des acteurs publics, ces groupes maintiennent leurs usines et leurs projets de décarbonation.

"A l'opposé", les géants "ArcelorMittal et Thyssenkrupp illustrent une logique de désengagement", selon l'étude. "Ces exemples montrent que la composition du capital et les modèles de gouvernance sont déterminants", juge-t-elle.

Une participation publique ou salariée, ainsi qu'une "codétermination forte", permettent de contrer "des logiques financières court-termistes", qui entraînent "des restructurations brutales" et compliquent l'engagement d'une transition écologique.

Syndex liste donc, en conclusion, "trois leviers d'action prioritaires": en premier lieu, "une conditionnalité renforcée des aides", qui doivent être liées "systématiquement" au maintien des capacités de production et à une "décarbonation intégrée".

"Rééquilibrer la gouvernance" figure au deuxième rang des priorités énoncées, en encourageant la participation publique, "où Etats et régions stabilisent la stratégie industrielle".

Enfin, "protéger et réformer le marché", comme le prévoit Bruxelles avec un abaissement des quotas d'importations et une modification du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, constitue le troisième levier.

Une proposition de loi communiste pour nationaliser ArcelorMittal a été rejetée fin octobre par le Sénat. La France insoumise a elle aussi déposé une proposition de loi de nationalisation, qui sera examinée le 27 novembre à l'Assemblée nationale.

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