Les violences et dégradations qui ont accompagné la journée de mobilisation des "gilets jaunes" samedi ont été le fil conducteur des débats sur le budget de l'écologie, dimanche au Sénat, à majorité de droite.
"Hasard de l'actualité, le détonateur de cette exaspération tient à la hausse de la taxe carbone et au fait que l'exécutif estime détenir seul la vérité", a attaqué Jean-François Husson (LR), rapporteur spécial de la commission des Finances sur les crédits de la mission "écologie, développement et mobilité durables". "Il est urgent de changer de cap", a-t-il estimé.
Le Sénat a voté la semaine dernière, dans le cadre de la partie "recettes" du projet de budget pour 2019, le gel de la hausse de la taxe carburants.
"L'approche trop technocratique (...) et punitive de l'écologie a été la goutte d'essence qui a fait déborder le réservoir (...). Que le gouvernement écoute donc enfin le Sénat, dont les membres sont les représentants de ces territoires en souffrance !", a exhorté Hervé Maurey (centriste), président de la commission de l'Aménagement du territoire.
Chacun des orateurs a commenté les événements de la veille, condamnant les "violences inadmissibles" et "le saccage de l'Arc de Triomphe". "Si l'on veut être entendu, dans notre République, il faut en respecter les symboles", a mis en garde Vincent Capo-Canellas (centriste).
"L'état d'esprit du gouvernement est clair: fermeté totale à l'égard de ceux qui s'en prennent à la sécurité et à la République (...) et en même temps ouverture du dialogue avec nos concitoyens qui s'expriment légitimement", a déclaré la ministre des Transports, Elisabeth Borne.
"Des solutions, nous en avons. Quant à la concertation, qu'elle commence ici, au Sénat !", a lancé Daniel Gremillet (LR) rapporteur pour avis de la commission des Affaires économiques, proposant notamment le doublement du chèque énergie quand il est utilisé pour financer des travaux.
"Quand on n'a que l'automobile pour se déplacer, certaines mesures sont provocatrices", a estimé l'ex-ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard (RDSE, à majorité radicale), appelant le gouvernement à adopter "un ton moins technocratique, plus pédagogique, pour que l'écologie ne soit plus vécue comme une punition".
"Le fossé se creuse entre le peuple et les élites", a jugé Patrick Kanner, président du groupe PS. "Les Français demandent à vivre de leur travail et vous ne les entendez pas", a-t-il ajouté.
Les crédits de la mission ont été rejetés par 281 voix contre 36 et 25 abstentions.