Sénat: le projet de loi climat donne des ailes au groupe écologiste

Contre-projet, amendements par centaines... le groupe écologiste du Sénat, le plus petit et le plus récent de la chambre haute, s'est mobilisé pour "pousser vers le haut" le projet de loi climat, examiné en première lecture à partir de lundi dans l'hémicycle.

Son président Guillaume Gontard ne boude pas son plaisir: "par rapport à l'Assemblée nationale où les écologistes ont été frustrés de ne pas pouvoir défendre leurs amendements (faute d'avoir un groupe politique, ndlr), nous on aura cette possibilité de faire pression pour qu'on puisse améliorer le texte".

"Logique" qu'il soit le groupe à porter le plus d'amendements (400 annoncés), selon le président centriste de la commission de l'Aménagement du territoire Jean-François Longeot.

Parmi les propositions des Verts, "un certain nombre ont été retenues en commission et il y a des sujets constructifs qu'il sera intéressant au moins d'entendre", estime-t-il.

"C'est leur coeur de métier", note le chef de file PS sur le texte, Joël Bigot, pointant "des positions parfois maximalistes".

En "créant l'émulation" à gauche sans verser dans la "surenchère", "on est dans notre rôle", affirme Guillaume Gontard dans un entretien à l'AFP. "A la question +à quoi sert un groupe écologiste de 12 personnes+, eh bien là on a la réponse".

Le groupe "Écologiste - Solidarité et Territoires" s'est constitué fin septembre, après les élections sénatoriales, autour d'un noyau de cinq sénateurs qui étaient déjà en place au palais du Luxembourg et disséminés: Guillaume Gontard et Esther Benbassa, qui siégeaient au groupe CRCE à majorité communiste, Ronan Dantec et Joël Labbé, abrités par le groupe RDSE à majorité radicale, ainsi que Sophie Taillé-Polian de Génération.s.

S'y sont ajoutés six nouveaux élus dans la lignée du succès des écolos aux municipales, soit assez pour former un groupe: Thomas Dossus, Raymonde Poncet Monge, Jacques Fernique, Monique de Marco, Guy Benarroche et Daniel Salmon, rejoints par le nationaliste corse Paul-Toussaint Parigi.

- "Crédibiliser" le programme pour 2022 -

Guillaume Gontard se félicite de la répartition géographique variée, qui permet d'avoir "une vision locale".

La mise en place en septembre a été délicate, avec une petite bataille pour la présidence, mais, assurent plusieurs de ses membres, tout se passe bien aujourd'hui, malgré la difficulté d'être en petit effectif.

Le texte climat a permis au groupe "de mettre en place une méthode, une dynamique, un vrai travail collectif", fait valoir M. Gontard qui revendique "une stratégie de long terme", "au moins jusqu'en 2023", date du prochain renouvellement par moitié du Sénat.

"Le rôle du groupe doit être aussi de construire et accompagner le programme pour l'élection présidentielle de 2022, le renforcer et l'enrichir, et le crédibiliser", développe-t-il.

"C'est exactement l'exemple de la loi climat, c'est-à-dire +voilà ce que nous écologistes on peut proposer, concrètement, en lien avec des élus locaux, et comment ça peut se mettre en place+".

Avec les députés de même sensibilité Matthieu Orphelin et Delphine Batho, les sénateurs écologistes défendent une "vraie loi climat", dont les dispositions seront reprises sous forme d'amendements.

Parmi les mesures proposées: interdiction à la vente des véhicules particuliers neufs utilisant des énergies fossiles (diesel ou essence) en 2030, option quotidienne végétarienne dans toute restauration collective, redevance sur les engrais azotés progressive dès 2023...

"On sait très bien que le texte final n'atteindra pas l'objectif" d'une baisse de 55% des émissions de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990), mais "on pourra dire +nous on a la solution+", souligne le chef de file des sénateurs Verts.

Son groupe nourrit aussi l'espoir d'un coup de "boost" cet automne à l'occasion du renouvellement, différé pour cause de Covid-19, de 6 sénateurs représentant les Français de l'étranger.

M. Gontard y croit: "Les élections consulaires ont été très favorables à EELV et il y a clairement la capacité d'avoir un élu ou une élue".