Semaine noire pour les Verts qui dénoncent "une nouvelle alliance anti-écologie"

Reprise du chantier de l'A69, fin des ZFE, potentiel retour de l'usage d'un pesticide: les Verts ont vécu une semaine noire, plombés par "une nouvelle alliance anti-écologie" du RN aux macronistes, mais aussi parfois jusqu'à LFI, pour détricoter une partie du bilan environnemental du premier quinquennat d'Emmanuel Macron.

"Nous vivons la pire semaine pour l'écologie depuis longtemps", a accusé sur X la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.

Dernier recul en date: le vote, mercredi par l'Assemblée nationale, de la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), qui restreignent la circulation des véhicules les plus polluants, une mesure emblématique de la loi Climat et résilience de 2021.

La fin de ce dispositif a été adoptée grâce aux voix du Rassemblement national, de son allié le mouvement UDR d'Eric Ciotti, mais aussi des députés insoumis et de quelques macronistes, malgré l'opposition du gouvernement.

Une victoire contre "l'écologie punitive", a salué la leader du Rassemblement national Marine Le Pen qui, comme les autres détracteurs de la mesure, estime qu'elle pénalise les Français n'ayant pas les moyens d'acquérir un véhicule moins polluant.

Marine Tondelier y voit, elle, le résultat de "la nouvelle alliance anti-écologie" constituée de "LR, RN et du bloc central", fustigeant notamment la "débandade idéologique honteuse" de la macronie, qui "vote contre leurs propres mesures".

Mais elle s'est bien gardée de critiquer la position de La France insoumise, avec qui elle espère faire alliance dans certaines villes à l'approche des municipales de 2026.

Le président écologiste de la métropole de Lyon, Bruno Bernard a, lui, dénoncé sur BFMTV le "populisme" des droites, et mis en cause l'insuffisance de l'accompagnement par le gouvernement des mesures de transition écologique pour les rendre acceptables.

Quant à l'ancien ministre macroniste Clément Beaune, il a déploré un discours "de post-vérité, trumpiste sur l'écologie", justifiant l'absence de certains députés du camp présidentiel lors du vote "par désintérêt ou peut-être par crainte" car, "une fois que le discours démagogique s'est installé dans le débat, c'est très difficile de remonter la pente".

- "écologie de moins en moins prioritaire" -

Pour Théodore Tallent, chercheur doctorant et enseignant à Sciences Po, qui travaille sur le "backlash écologique", il y a bien eu une alliance cette semaine "des partis politiques d'extrême droite et de droite, et selon les circonstances, du bloc central ou de la gauche radicale", pour "revenir en arrière sur des régulations environnementales" décidées pendant le premier quinquennat Macron.

Car la suppression des ZFE n'a pas été le seul camouflet : mercredi, les députés RN, LR, et quelques membres du bloc central ont aussi voté une révision significative du "zéro artificialisation nette" (ZAN), dispositif de lutte contre la bétonisation d'espaces naturels et agricoles.

Les droites et la macronie ont par ailleurs réussi à contourner l'opposition de la gauche pour tenter de faire passer la loi agricole dite "Duplomb", qui prévoit notamment la réintroduction d'un pesticide néonicotinoïde.

Enfin, après trois mois d'arrêt, la justice a autorisé la reprise du très contesté projet de l'A69 dès la mi-juin et les députés vont examiner le 2 juin une proposition de loi validant les autorisations environnementales du chantier.

Selon Théodore Tallent, il n'y a pas dans l'opinion un "niveau de détestation de l'écologie qui expliquerait ce qu'on observe au niveau politique".

Mais "l'écologie est de moins en moins prioritaire chez les gens", face à d'autres priorités de court terme (pouvoir d'achat, emploi), ce qui laisse "un boulevard à tous ceux qui veulent détricoter la régulation environnementale", comme l'extrême droite, qui en a fait son "totem", et la droite conservatrice, toutes deux "en partie sous l'influence des lobbies".

Selon lui, le centre et la gauche doivent "remettre à l'agenda" l'action environnementale, "pour que cela redevienne une priorité".

Ils doivent pour cela "proposer des régulations environnementales qui répondent aux problèmes des Français", avec "des mesures justes et cohérentes" portant par exemple sur la mobilité, l'alimentation, le chauffage, la rénovation, la production d'énergie...

"L'écologie peut être la nouvelle politique sociale, un nouvel angle d'attaque pour répondre aux problèmes des Français", espère-t-il.

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