L'Assemblée nationale a donné vendredi son feu vert à l'expérimentation d'un nouveau mode de tarification destiné à désengorger les urgences hospitalières, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019.
La mesure instaure un "forfait de réorientation" pour inciter l'hôpital à rediriger les patients qui ne relèvent pas des urgences vers la médecine de ville. Elle sera expérimentée pendant 3 ans dans des établissements de santé volontaires.
L'amendement porté par le rapporteur général Olivier Véran (LREM) a été soutenu par la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Essayons d'être innovants (...) C'est une mesure de bon sens", a-t-elle affirmé.
"L'activité des urgences hospitalières des établissements de santé en France augmente de 3% par an en moyenne. Actuellement, ce sont 23 millions de patients qui sont pris en charge. Or, on estime qu'entre 28 et 41% de ces patients ne relèvent pas du tout des urgences", a expliqué M. Véran.
Ils y vont "parce qu'ils ne trouvent pas de médecin en ville, parce qu'il n'y a pas de reste à charge à l'hôpital ou parce qu'ils ont une inquiétude, qui n'est pas confortée par un rapide examen médical", a-t-il précisé.
Pour ce médecin de profession, la clef du problème est avant tout financière. "A chaque fois qu'un patient passe la porte des urgences, l'hôpital touche actuellement un forfait et, plus il y a de patients, plus il y a de forfaits. Cela n'incite pas à réorienter les patients", a-t-il expliqué.
Avec le nouveau système, "quand un patient vient aux urgences et qu'il est accepté, si sa situation ne s'avère vraiment pas grave, plutôt que de payer un forfait, il sera versé (à l'hôpital) une consultation spécialisée d'urgence", a détaillé M. Véran.
"Et pour inciter les urgences à réorienter ces patients sans gravité vers les offres de soins alternatives, un forfait de réorientation sera attribué à l'hôpital", a-t-il ajouté.
"Je vois mal un service hospitalier (...) même en surcharge, avoir cette attitude qui n'est pas médicalement professionnelle", a estimé le député LR Jean-Pierre Door en fustigeant une "opération totalement iconoclaste".