La présidente de la FNSEA Christiane Lambert s'en est prise jeudi au ministre Stéphane Travert, accusé de sous-estimer l'importance des dégâts causés par la sécheresse cet été sur les exploitations agricoles et de faire la sourde oreille sur les néonicotinoïdes.
Après avoir amplement souligné les qualités "d'écoute" de l'ancien ministre de l'Environnement Nicolas Hulot - malgré des sujets de désaccords "qui resteront" - la patronne du premier syndicat agricole a fustigé le ministre de l'Agriculture, lors de sa conférence de rentrée à Paris.
"Il y a dix jours que nous demandons un rendez-vous pour parler des problèmes de sécheresse, on ne l'a pas encore! Si le ministère de l'agriculture traîne des pieds autant et n'a pas vu que le problème était extrêmement grave, il y a un problème!" s'est exclamée Mme Lambert.
"On ne peut pas rester ainsi avec des questions sans réponse", a-t-elle dit.
Idem sur la question de l'interdiction des insecticides néonicotinoïdes sur les cultures, qui doit s'appliquer à partir de samedi en France.
Deux branches de la FNSEA, les producteurs de maïs (AGPM) et les producteurs de betteraves à sucre (CGB) demandent depuis juillet à bénéficier de dérogations, pour continuer à utiliser des semences enrobées de neonicotinoïdes, tant qu'aucune autre solution n'est trouvée pour protéger leurs cultures des insectes qui les ravagent.
"Nous ne sommes pas d'accord avec l'attitude du ministre, qui n'a pas répondu à la demande de rendez-vous de ces deux filières. La pire des choses, c'est la non-écoute. Dans ce sujet, quand le ministre de l'Agriculture ne veut pas recevoir ni la CGB, ni l'AGPM, ce n'est pas normal !" a tonné Mme Lambert.
"D'autres pays de l'UE ont saisi la possibilité de mettre en place des dérogations. Le gouvernement français ne veut pas le faire. Alors que la Wallonie par exemple, juste de l'autre côté de la frontière, va demander des dérogations. Il s'agit d'une distorsion insensée", a-t-elle ajouté. Selon elle, la CGB et l'AGPM pourraient envisager de déposer des recours pour distorsion de concurrence.
Plus tôt, la Commission européenne a présenté des mesures supplémentaires pour les agriculteurs victimes de la sécheresse dans plusieurs Etats membres, dont la France, afin d'augmenter la disponibilité des fourrages.
En début d'après-midi, le ministère de l'Agriculture a publié un communiqué de Stéphane Travert, "remerciant la Commission européenne d'avoir accédé aux demandes d'aides pour les agriculteurs touchés par les événements climatiques".