Sécheresse: "les prochains migrants, c'est nous", s'alarme une élue agricole des Pyrénées-Orientales

La présidente de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales, Fabienne Bonnet, s'est alarmée lundi de voir ce département, qui a depuis deux ans "la pluviométrie de la Jordanie", abandonné par l'Etat, avec comme perspective pour ses habitants de devoir le quitter.

"Aujourd'hui, moi je le dis: les prochains migrants, c'est nous, tout simplement, si on nous abandonne", a déclaré Mme Bonnet, lors d'une session de la chambre d'agriculture régionale d'Occitanie, organisée à Toulouse, où la question de l'eau était sur toutes les lèvres.

"On est à un stade où il n'y a plus d'eau dans les villages et malgré tout, on ne sent pas une volonté, on entend encore ce discours de certains politiques et de certains services de l'Etat nous disant +vous êtes condamnés, le changement climatique vous le vivez, il ne pleuvra plus chez vous, vous serez un désert, donc vous êtes condamnés+", a déploré Mme Bonnet.

"Comment peut-on dire ça?", s'est-elle interrogée. "Des pays bien plus au sud que nous vivent, produisent et on importe leurs produits. Nous, il faut qu'on débloque les choses", ajoutant: "on ne peut pas avoir un discours dans lequel on abandonne des territoires français, c'est juste impossible, pas entendable".

Fabienne Bonnet demande donc que la réglementation s'adapte à la situation inédite des Pyrénées-Orientales pour y "sécuriser" l'alimentation en eau, en autorisant des projets de stockage d'eau qui aujourd'hui "ne rentrent pas dans les cases".

En écho, Philippe Vergnes, son homologue de l'Aude, département lui aussi fortement touché par la sécheresse, évoque sur son territoire une "dépression silencieuse avancée" face à la situation.

Il se plaint d'un "exécutif administratif" qui empêche tout projet, prenant l'exemple de celui d'une retenue de 80.000 m3 d'eau dans l'Aude, récemment recalé.

"La seule solution aujourd'hui pour nous c'est d'amener de l'eau du Rhône à Barcelone", a-t-il affirmé, évoquant un projet de moyen-long terme qui permettrait d'alimenter l'agriculture du sud-est de l'Occitanie.

En attendant, il plaide pour autoriser des "forages provisoires avec des engagements juridiquement bornés pour les agriculteurs", qui les interrompraient une fois une solution plus pérenne mise en place.

"Sinon, on rayera nos départements de l'agriculture française et ce n'est pas entendable: dans cette belle région Occitanie, il y a un désert,il est chez nous, et en priorité, il faut sauver les gens qui sont dans le désert", a-t-il lancé.

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