Face à une sécheresse "décennale" et à l'impact du changement climatique, le grand Sud-Ouest, qui représente 120.000 km de cours d'eau pour 20% du territoire, a demandé à l'Etat de prévoir, dans les futures concessions hydroélectriques, une "capacité supplémentaire" de prélever de l'eau pour le réseau, plutôt que pour l'hydro-électricité.
Dans le Bassin Adour-Garonne qui couvre pour l'essentiel les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, à la mi-juillet, "seuls six départements (sur 26) n'avaient pas d'arrêtés préfectoraux pour restreindre l'usage de l'eau", a rappelé mardi le préfet d'Occitanie Etienne Guyot, lors de la tenue mardi à Bordeaux du Comité de Bassin Adour-Garonne.
Les préfets des deux régions ont décrété une "opération commando" associant Etat, collectivités territoriales, régions, acteurs agricoles et industriels, public, pour "rétablir un équilibre hydrographique en souffrance" par endroits sur le bassin.
L'objectif est de s'attaquer au "déficit qui existe aujourd'hui, de 250 millions de m3 par an, annoncé à 1,2 milliard de m3 par an à l'horizon 2050", soit la moitié de la consommation actuelle, selon M. Guyot.
Le comité de Bassin Adour-Garonne a validé mardi les mesures adoptées aux Assises nationales de l'eau début juillet et a lancé des chantiers pour des actions concrètes dans ses sous-bassins (Garonne, Dordogne, Charente, Lot, Tarn-Aveyron, Adour, Côtiers Aquitains-Charentais), que ce soit en matière d'économies d'eau, restauration de zones humides, végétalisation, mobilisation ou remobilisation de ressources (par exemple des réserves d'eau en déshérence), notamment.
"Il faudra créer des ressources (en eau) supplémentaires" a affirmé Martin Malvy, président du Comlité de Bassin Adour-Garonne et ancien président (PS) de la région Midi-Pyrénéées. "Mais elles ne seront jamais à la hauteur de l'enjeu. Il n'y a pas une solution mais une addition de solutions et de politiques nouvelles".
Le Comité de bassin a ainsi adopté une motion "demandant d'ores et déjà à l'Etat, dans le cadre des nouvelles conventions de concession hydroélectrique des barrages, de prévoir une capacité supplémentaire de prélèvement de l'eau destinée au réseau plutôt qu'à la production hydro-électrique", a expliqué M. Malvy. "Aujourd'hui ce sont 160 millions de m3 dont nous disposons chaque année, nous voulons atteindre les 400 millions, mais ça ne règlera pas non plus le problème".
Adour-Garonne a aussi demandé "un audit sous 18 mois, agence (de bassin) par agence", pour vérifier que la feuille de route des Assises de l'Eau de juillet "peut être menée a bien dans un cadre des moyens laissés par les restrictions budgétaires, les prélèvements de l'Etat" sur le budget des agences.
Le comité a aussi demandé, dans le cadre de la renégociation de la Politique agricole commune, qu'"elle intègre l'accompagnement des pratiques agricoles nécessaires à la reconquête de la qualité des rivières". "Il faudra des financements, des moyens, et ils viennent en partie de l'Europe, du Feader" (Fonds européen agricole pour le développement rural), a rappelé M. Malvy.