#SauvezLesAgri: les agriculteurs à l'assaut de raffineries et dépôts de carburants

Les agriculteurs se préparent à bloquer à partir de dimanche soir des raffineries et dépôts de carburants, pour dénoncer les contradictions d'un gouvernement qui les oblige à respecter des normes auxquelles ne sont pas soumis des produits importés comme l'huile de palme.

Sous le mot clé #SauvezLesAgri, le premier syndicat agricole, la FNSEA, appelle ses adhérents sur les réseaux sociaux à occuper 14 sites stratégiques, pour trois jours reconductibles.

Outre la bioraffinerie en chantier de La Mède (Bouches-du-Rhône), les agriculteurs visent les 4 raffineries de Total en activité en France: Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), Grandpuits (Seine-et-Marne), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Rhône).

Les 9 autres sites visés sont des dépôts de carburant à Dunkerque (Nord), Grigny (Essonne), Coignières (Yvelines), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Vatry (Marne), Strasbourg, Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon et Toulouse.

Le slogan du syndicat: "N'importons pas l'agriculture".

"On nous demande beaucoup d'efforts pour améliorer nos produits, sur la qualité, sur l'environnement, ce qui occasionne des coûts supplémentaires. Et dans le même temps, nous subissons de plus en plus d'importations de produits qui faussent la concurrence, et ne correspondent pas aux standards sanitaires et environnementaux qu'on nous impose", explique à l'AFP Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat FNSEA.

- L'huile de palme, la goutte de trop -

L'huile de palme est loin d'être le seul produit visé, mais c'est "la goutte qui a fait déborder le vase de la colère", ajoute M. Despey.

Ce sont en effet 300.000 tonnes de cette huile, issues de la déforestation en Malaisie ou Indonésie et présentant un très mauvais bilan carbone, qui feront tourner la bioraffinerie de Total à La Mède à partir de cet été. Alors que l'agriculture française peut fournir des huiles de tournesol ou de colza, coûtant toutefois plus cher.

Pour le porte-parole de LREM Gabriel Attal, l'Etat ne peut pas se dédire de l'accord scellant l'importation d'huile de palme pour La Mède, signé entre le précédent gouvernement et Total.

"On a demandé à Total de réduire la part d'importation d'huile de palme dans cette raffinerie, elle sera en dessous des 50%", et de "développer une haute qualité environnementale", a toutefois assuré M. Attal dimanche lors de l'émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.

Le mouvement est observé avec intérêt par les ONG environnementales, d'ordinaire opposées à la FNSEA sur les dossiers phytosanitaires.

Les paysans en colère espèrent aussi un soutien des consommateurs, en dénonçant les effets sur le contenu des assiettes d'accords commerciaux internationaux.

"La traçabilité de nos produits s'améliore et il n'y a aucune traçabilité sur ces produits importés", s'indigne M. Despey, rappelant les récents scandales sanitaires sur la viande au Brésil.

"La FNSEA n'est pas fermée au commerce international, au contraire, mais elle ne peut plus assumer les distorsions de concurrence induites par certaines importations, sinon cela va être la disparition de l'agriculture française", résume-t-il.

- "Personne ne passera" -

Le syndicat demande que soit réintroduit dans la loi Alimentation, examinée à partir du 26 juin au Sénat, un amendement sur l'interdiction d'importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l'Union européenne.

Il souhaite aussi que le gouvernement "renonce à son contingent d'importation d'huile de palme", et réclame un allègement du coût du travail salarié de saisonniers, qui est "27% plus élevé que la moyenne européenne".

"C'est la fenaison, ce n'est pas le bon moment, mais on n'a pas eu de problème pour mobiliser, car c'est vraiment le ras-le-bol général", a déclaré à l'AFP Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin, qui prépare le blocage du dépôt de Strasbourg pour minuit dimanche.

"Personne ne passera" à partir de lundi matin à l'aube pour entrer ou sortir du dépôt de Dunkerque, a aussi promis Simon Ammeux, président dans le Nord des Jeunes Agriculteurs, associés au mouvement.

Une pénurie de carburant n'est pas à craindre dans l'immédiat. Car la France compte au total sept raffineries en activité ainsi que 200 dépôts de carburant, dont environ 90 dépôts principaux. Et l'Etat dispose de stocks stratégiques pour trois mois.

im-etb-burs/soe/nm

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