Le préfet de Martinique veut accélérer le ramassage des sargasses, entre 24 et 48 heures après l'échouage de ces algues brunes qui envahissent les rivages et dont l'amoncellement a des conséquences graves sur l'environnement et la santé.
L'objectif, affiché vendredi par le préfet Franck Robine pour lutter contre l'afflux massif de ces algues, est de les collecter avant qu'elles ne se décomposent et donc d'éviter la production d'hydrogène sulfuré, un gaz incommodant et toxique.
La préfecture annonce également une rallonge des crédits d'Etat qui atteignent désormais 3 millions d'euros. Un montant qui inclut les 1,7 millions d'euros déjà annoncé par le ministère des Outre-mer. Le déblocage de ses fonds sera utilisé pour l'acquisition de machines de ramassage et d'équipements de protection individuels pour les équipes sur le terrain.
Parmi les autres mesures, le préfet a annoncé notamment la nomination d'un responsable national qui sera chargé de la rédaction d'un plan national de lutte contre les sargasses. Ce plan sera décliné pour chaque territoire et est baptisé plan d'urgence local sargasses (PULSAR).
Des moyens humains supplémentaires seront également déployés avec la venue prochaine d'une mission d'assistance de la Sécurité civile (MASC). Ces hommes viendront appuyer le régiment du Service militaire adapté (RSMA) déjà en action, ainsi que certains volontaires condamnés par la justice à des travaux d'intérêt général.
Par ailleurs, pour anticiper l'invasion des sargasses, des survols aériens seront effectués à court terme et des images satellitaires seront utilisées pour un repérage à plus long terme.
Ces derniers jours, le préfet de Martinique a multiplié les sorties sur le terrain pour se rendre compte de l'étendu du phénomène. De nombreuses communes de la façade atlantique sont affectées, ainsi que quelques communes de la côte caraïbe.
Face à l'inquiétude de la population, le maire du Robert, ville du centre atlantique, n'a pas hésité à prendre un arrêté pour fermer plusieurs établissements scolaires situés à proximité des zones touchées par l'accumulation des sargasses et par l'émanation de l'hydrogène sulfuré.
En Guadeloupe, une enveloppe d'1,5 million d'euros (sur 3 millions d'euros au total, pour l'ensemble des territoires concernés) a été confirmée par la préfecture, lors d'une conférence de presse donnée vendredi par le préfet Eric Maire.
"Nous avons utilisé, pour l'instant, environ 40% de cette enveloppe, et nous réfléchissons à un plan de financement pour l'acquisition d'un système d'aspiration des algues avant qu'elle ne s'échouent sur les plages", a indiqué à l'AFP Jean-Michel Jumez, sous-préfet de Guadeloupe en charge de la mission Sargasse.
Par ailleurs, ce week-end, des équipements seront acheminés "par avion", a -t-on appris des médias locaux. Il s'agit notamment de 260 tenues spécifiques adaptées au ramassage des sargasses : en effet, selon le quotidien local France Antilles, des "tenues de protection, masques et des appareils de mesures des gaz émis par les algues en décomposition", arriveront sur le territoire. 24 capteurs fixes seront également déployés "pour renforcer le dispositif des mesures des émanations", selon un communiqué de la Région.
Enfin, l'agence pour le développement et la maîtrise de l'énergie, (Ademe), lance, au plan national, un appel à projet doté d'un million d'euros pour favoriser l'émergence de solutions locales. "De son côté, le préfet de Guadeloupe a relancé l'Institut national de la recherche agronomique, (INRA) pour travailler sur la valorisation des sargasses", a confié à l'AFP Jean-Michel Jumez.
Côté assurances, si la déclaration de l'état de catastrophe naturelle est toujours refusée en raison d'une législation contraignante, le préfet a annoncé des facilités fiscales pour les entreprises touchées par la présence des sargasses (pêcheurs, compagnies maritimes, etc...). Une réunion au plan national se tiendra avec les assureurs pour envisager les possibilités d'indemnisations.