Lionel Lamhaut, président de l'association SAUV Life et médecin urgentiste au Samu de Paris
© SAUV Life/DR
Santé

On pourrait doubler les chances de survie en cas d'arrêt cardiaque avec l'application SAUV Life

SAUV Life, est une application totalement gratuite qui vous permet de sauver des vies en attendant l'intervention des secours. Entretien avec le président de l'association et médecin urgentiste Lionel Lamhaut. 

Quand a été créée l'application SAUV Life? 

L'application a été lancée en mai 2018 après un travail de trois ans d'élaboration. Le développement s'est fait en deux axes. Tout d'abord, l'informatique. Nous voulions une application simple d'utilisation et très intuitive lorsqu'il y a une urgence. C'est quelque chose que nous allons très peu utiliser donc il fallait que cette application réponde à deux critères importants : l'économie de la batterie et une utilisation accessible à tous. Ensuite, la recherche de fonds, de mécènes et de donateurs dans le but de sortir cette application. 

Comment fonctionne l'application SAUV Life? 

Il vous suffit de télécharger l'application gratuite dans le store de votre téléphone. Vous devez absolument accepter la géolocalisation, un point très important pour pouvoir savoir ou vous vous trouvez en cas d'une possible intervention. Lorsque nous recevons un appel au 15, on déclenche l'application. Vous, en tant qu'utilisateur, vous allez recevoir une notification pour vous alerter, mais seulement si vous êtes à 10 minutes à pied du lieu de l'intervention. Si vous êtes disponible, vous acceptez la demande et automatiquement, votre GPS vous guidera sur le lieu. Le Samu, quant à lui, peut suivre votre progression et va pouvoir vous appeler pour vous aider à réaliser les gestes qui sauvent. Certains seront appelés pour aller chercher le défibrillateur de proximité et l'emmener directement sur place. 

Pour intervenir directement sur place, une formation aux premiers secours est-elle obligatoirement nécessaire? 

En effet, c'est mieux d'être formé mais maintenant, même si ce n'est pas le cas, vous pouvez quand même agir et vous inscrire. Les secours seront là pour vous guider dans la manière de réaliser les gestes qui sauvent. Les assistants de régulation médicaux ont été formés pour ce genre de situations. Ils vont vous guider par téléphone pour que vous puissiez réaliser les premiers soins, vous expliquer comment positionner votre main si vous devez faire un massage cardiaque... Avec l'application, nous pouvons même déclencher une visio-conférence qui vous aidera à être encore mieux guidés par les secours.

Si j'avais su ce qu'il se passait à 100 mètres de moi, j'aurais peut-être pu aider.

Comment vous est venue cette idée? 

Tout est parti d'une simple constatation. En tant qu'urgentiste, quand on arrivait sur les lieux de l'intervention et que personne n'avait fait de massage cardiaque, la personne pouvait mourir et nous ne pouvions rien faire.  Lorsque nous étions en opération, des personnes nous ont dit : "Si j'avais su ce qu'il se passait à 100 mètres de moi, j'aurais peut-être pu aider". C'est à ce moment-là que nous nous sommes servis de la technologie pour les alerter et pour que les gens réalisent les gestes qui sauvent. 

Le Samu étant dans la boucle, c'est un peu de la médecine participative que vous avez mise en place? 

C'est avant tout un acte citoyen avant d'être un acte technique. C'est vraiment dans le but de sensibiliser tous les citoyens à l'entraide, car on ne peut pas que se reposer sur l'organisation des secours. Il ne faut pas oublier qu'une minute sans massage cardiaque c'est 10 % de chances de survie en moins, sachant qu'en moyenne les secours mettent 13 minutes à arriver sur place. Il faut bien que des personnes agissent immédiatement sans attendre les secours qui arriveront rapidement et prendront par la suite le relai. C'est une vraie chaine de survie qui doit s'organiser entre ce citoyen, les pompiers, le Samu et l'hôpital. 

Pourquoi il n'y a pas eu de campagne de communication plus importante au sujet de SAUV Life? 

Pour le moment, il n'y a pas de compagne publique d'État pour favoriser ce genre d'application. C'est bien dommage d'ailleurs. Il faut qu'il y ait un maximum de personnes qui la rejoignent. Actuellement, il y a 280 000 utilisateurs. 

C'est un véritable enjeu de santé publique...

Il y a 50 000 morts par an en France avec un taux de survie à 5 %. On sait que si l'on intervient dans les trois premières minutes avec un massage cardiaque et un défibrillateur, le taux de survie est à plus de 73 %. 73 %, c'est vraiment en imaginant que tous les arrêts cardiaques sont pris en charge dans les trois premières minutes. C'est un objectif qui reste tout de même irréalisable. Mais avec cette application, on pourrait doubler la survie de 5 à 10 %. 

Comment votre application a-t-elle été financée? 

Aujourd'hui c'est une application totalement financée par les dons. Il y a aussi de grands mécènes tels qu'Uber et les Galeries Lafayette qui se sont impliqués. Et il y a des plus petits donateurs qui nous permettent de mieux développer l'application. 

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab, c'est par ici :

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