Les conséquences du changement climatique, aussi multiples soient-elles, semblaient désormais bien connues. Pour autant, dans une étude menée conjointement avec le centre de recherche de VetAgro Sup, des scientifiques de l’INRAE ont découvert que le réchauffement climatique détériore la qualité des fromages français.
Pour en arriver à cette conclusion, le groupe de chercheurs a analysé la production de cantal dans une ferme du Massif central. Pendant quatre mois, ils ont comparé les fromages produits avec le lait de lots de vaches nourries selon deux régimes différents.
La première moitié de l’élevage a été nourrie avec un mélange d’herbe fraiche et de foin. L’autre moitié a suivi une alimentation majoritairement composée de maïs.
Moins d’herbe fraiche
À cause du changement climatique, les sécheresses sont de plus en plus nombreuses et intenses et cela se répercute sur l’alimentation des vaches. En effet, pour cet animal herbivore, la qualité et la quantité de foin à sa disposition sont essentielles à sa survie.
Or, la ressource en herbe se dégrade et s’amenuise à chaque vague de sécheresse. Les éleveurs ont donc mis en place des mesures pour maintenir une herbe fraiche. Parmi ces stratégies d’adoption, certains ont ainsi décidé de modifier les rations de leurs vaches. D’autres ont intégré le maïs dans leurs stocks de foin car cette plante est particulièrement adaptée aux zones sèches.
Cette pratique reste pour le moment "marginale", rappellent les chercheurs, mais elle pourrait se développer dans les années à venir avec l’aggravation du réchauffement climatique.
Maïs ou pas maïs ?
"Les résultats montrent que plus les vaches mangent d’herbe, plus les laits et les fromages sont riches en acides gras oméga 3, favorables à la santé humaine", explique Matthieu Bouchon, chercheur à l’INRAE et coordinateur de l’étude.
À l’inverse, les fromages fabriqués à partir du lait de vache à l’alimentation riche en maïs sont de moins bonne qualité.
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"Maintenir de l’herbe fraîche dans les régimes à base de maïs, même en quantité limitée, est donc crucial pour ne pas trop détériorer la qualité nutritionnelle et sensorielle du fromage", affirment les chercheurs.
Face à la récurrence du problème des sécheresses, le groupe de chercheurs recommande "de complémenter [les systèmes à base d’herbe] des vaches avec du foin", ce qui "peut permettre de faire face à un épisode de sécheresse tout en ayant un impact plus limité sur les qualités des fromages".
Les chercheurs disent poursuivre leurs études sur le sujet afin de comprendre les conséquences sur l’ensemble de la chaine de production alimentaire et, à terme, sur l’être humain.