Le nombre de personnes à la rue atteint un plus-haut "inédit" en ce début d'été, et la situation pourrait encore s'aggraver car le gouvernement veut réduire le nombre de places d'hébergement d'urgence pour des raisons budgétaires, s'est alarmé jeudi un collectif associatif.
Chaque jour, environ 6.000 personnes dans toute la France doivent dormir dans la rue car les services du 115 n'ont pas pu les prendre en charge, faute de place, un "niveau jamais égalé jusqu'ici", déclare dans un communiqué le Collectif des associations unies (CAU), qui regroupe des organisations luttant contre le sans-abrisme et le mal-logement.
Ce chiffre ne tient pas compte de tous ceux qui, découragés, ont renoncé à appeler le 115.
Or, la situation pourrait encore empirer car "dans de nombreux départements, des fermetures de places d'hébergement, principalement en hôtels, sont annoncées et commencent à se mettre en place", s'inquiète le collectif.
"On va vers une crise humanitaire d'ampleur. On espère que le gouvernement va réagir et comprendre qu'il va dans le mur", dit à l'AFP l'un des porte-paroles du collectif, Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre.
Le budget 2023 du gouvernement n'était pas suffisant pour financer sur toute l'année les 205.000 places d'hébergement d'urgence actuelles, si bien que les préfets "ont reçu des instructions pour réduire la voilure d'environ 10.000 places au second semestre" afin que le budget prévu ne soit pas dépassé d'ici au 31 décembre, selon le collectif. En conséquence, les associations se voient demander de "prioriser les publics et de ne plus prendre en charge les personnes isolées".
"Tout cela nous met en colère, car comment trouver du sens à votre travail quand on vous demande de gérer la pénurie et de faire du tri entre les publics les plus vulnérables?", s'interroge Nathalie Latour, de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).
Malgré les promesses du ministre du Logement, Olivier Klein, d'arriver à "zéro enfant à la rue", ce sont "toujours 1.800 enfants dont les parents appellent le 115 chaque jour sans obtenir" de solution, détaillent encore les associations.
Pour le collectif, la situation est d'autant plus inquiétante que "l'été est souvent marqué par une augmentation des expulsions".
Après deux années de "relative accalmie" liées au Covid, "l'année 2022 a été marquée par un triste record historique, avec 17.500 expulsions", et "tout laisse craindre des années encore pires à l'avenir", car une loi votée mi-juin a facilité les expulsions locatives.