Sanofi veut sous-traiter sa recherche anti-infectieuse, les syndicats outrés

Sanofi entend transférer sa recherche-développement anti-infectieuse, hors vaccins, au sous-traitant allemand Evotec, une annonce jugée "scandaleuse" par des syndicats du groupe, guère rassurés par le maintien de cette activité dans un site de Sanofi.

Sanofi et Evotec, prestataire allemand pour l'industrie biopharmaceutique, sont entrés en "négociations exclusives" pour réunir leur recherche-développement dans les maladies infectieuses dans l'unité spécialisée de Sanofi de Marcy-L'Etoile, près de Lyon, selon un communiqué du laboratoire français.

Cette unité devrait désormais être pilotée par Evotec, qui reprendra la centaine de collaborateurs de Sanofi spécialistes dans ce domaine, comprenant des maladies comme la malaria, la tuberculose ou le chikungunya, ainsi que la recherche dans de nouveaux antibiotiques contre les bactéries résistantes.

"L'intégralité des positions" seront conservées avec une garantie de l'emploi pendant cinq ans, et une cinquantaine de chercheurs d'Evotec devraient rejoindre l'unité, a souligné le président monde de la recherche-développement de Sanofi, Elias Zerhouni, dans un entretien à l'AFP.

"C'est un renforcement de notre plateforme", a-t-il assuré, car avec son expertise et ses compétences dans le domaine infectieux, "Evotec est capable de faire avancer nos projets beaucoup plus rapidement que ce que l'on pourrait faire nous-mêmes".

La plateforme serait par ailleurs ouverte à des collaborations externes avec des institutions universitaires, d'autres entreprises biotechnologiques, des fondations et agences gouvernementales.

L'important centre de recherche et développement de vaccins de Sanofi Pasteur, également situé à Marcy-L'Etoile, n'est pas concerné par ce plan.

Concrètement, Sanofi compte transférer à Evotec plus de 10 projets de recherche-développement, tout en conservant des droits de négociation sur le développement, la fabrication et la commercialisation des candidats-médicaments issus de cette plateforme commune.

Sanofi prévoit un paiement initial de 60 millions d'euros à Evotec pour accompagner ce transfert, ainsi que "d'importants financements sur le long terme pour soutenir et assurer la progression du portefeuille" de médicaments en développement, selon un communiqué des deux groupes.

La transaction doit être finalisée d'ici la fin du premier semestre 2018, sous réserve d'un accord définitif et des procédures légales d'information-consultation" du personnel.

- "Inacceptable" -

"C'est scandaleux" a réagi auprès de l'AFP Thierry Bodin, responsable CGT au sein du groupe Sanofi.

Le groupe "veut vraiment se désengager de toute recherche anti-infectieuse. Clairement ils ne veulent plus investir dans cet axe-là", a-t-il estimé.

Evotec avait déjà repris en 2015 des activités de recherche de Sanofi à Toulouse, et les deux sociétés collaborent dans le développement de traitements innovants contre le diabète à partir de cellules souches.

A l'époque de ce transfert, Sanofi avait incité ses chercheurs spécialistes des maladies infectieuses basés à Toulouse, Montpellier et Paris à rejoindre Marcy-L'Etoile, où "on leur promettait de bâtir quelque chose de très conséquent, tout en restant dans le groupe. Et voilà le résultat", a encore déploré M. Bodin.

"Ces salariés et leurs familles ont fait confiance à Sanofi. Trois ans après, ils apprennent que le groupe les pousse dehors, sans mesurer les désastreuses conséquences sociales", a renchéri la CFDT Chimie-Energie dans un communiqué.

Il est "inacceptable que l'exécutif de Sanofi traite de cette façon ces salariés, au mépris de sa responsabilité sociale", ajoute la CFDT Chimie-Energie, demandant à la direction "d'étudier toutes les solutions possibles pour garder ses salariés dans le groupe".

Les transferts de sites de recherche-développement de Sanofi à des sous-traitants ont connu des fortunes diverses ces dernières années.

A Toulouse, Evotec a par exemple réembauché après avoir repris l'activité recherche de Sanofi avec 200 salariés du groupe, prévoyant de porter les effectifs à 300 voire 350 personnes à horizon 2020. Le site comptait cependant plus de 600 chercheurs avant sa restructuration par Sanofi en 2012.

Porcheville, autre centre de recherche-développement de Sanofi dans les Yvelines, avait été cédé en 2010 au sous-traitant américain Covance, reprenant ses quelque 190 employés.

Mais Covance a fermé le site début 2016, entraînant plus de 125 licenciements. Le site est réoccupé depuis fin 2016 par un autre sous-traitant pharmaceutique, le français PCAS, mais avec encore moins de personnel.

etb/ef/cam

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