Saint-Avold: l'avenir de la centrale en jeu au Sénat, les salariés manifestent

Une centaine de salariés de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) ont manifesté mardi aux abords du Sénat à Paris à quelques heures d'un vote décisif de la chambre haute sur un projet de conversion du site, a constaté un journaliste de l'AFP.

Parés de casques de chantier et de gilets orange fluo, ces salariés se sont mobilisés en début d'après-midi aux côtés des parlementaires de Moselle pour tenter d'obtenir des modifications à une proposition de loi qui menace, selon eux, l'avenir de la centrale Emile Huchet.

Cette centrale, grosse émettrice de CO2, est l'une des deux dernières centrales à charbon de France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique), dont EDF a annoncé en septembre la fermeture sèche.

Pour celle de Saint-Avold, le propriétaire du site, GazelEnergie, est prêt à s'engager dans un projet de conversion au gaz naturel et au biogaz, mais un levier législatif est nécessaire pour concrétiser cette proposition et préserver les 150 emplois directs (et environ 500 indirects) que représente cette centrale électrique.

C'est ce texte, déposé par tous les sénateurs de Moselle, dédié à Saint-Avold et soutenu par le gouvernement, que le Sénat examine mardi après-midi.

Problème: divers ajustements effectués en commission la semaine dernière par les sénateurs sont de nature à "sacrifier la conversion de la centrale", selon les salariés et les élus du territoire.

En effet, ils reprochent au texte de loi d'avoir été élargi pour rendre les centrales au fioul éligibles à ce même dispositif de conversion. Ce qui pourrait, selon eux, "permettre la réouverture de 14 centrales fioul en France" et saturer le dispositif concerné au détriment de Saint-Avold.

Appelé "mécanisme de capacité", ce dispositif est réservé à l'approvisionnement électrique dans les périodes de pointe hivernale.

"Notre actionnaire ne prendra pas le risque de s'embarquer dans ce projet dans ces conditions. On va tous se faire balayer dès le mois d'août", s'est inquiété auprès de l'AFP Thomas About, délégué syndical CFDT qui regrette de voir l'initiative "travestie par les lobbies du fioul".

Plusieurs amendements pour exclure les centrales fioul du dispositif et donner satisfaction aux salariés seront néanmoins débattus par les sénateurs dans l'après-midi.

Le texte sera ensuite transmis à l'Assemblée nationale où les députés l'examineront le 7 avril.