Risque de saturation des piscines nucléaires: nouvelle piscine envisagée en 2034

EDF envisage une mise en service en 2034 de la vaste piscine de combustibles nucléaires usés qu'elle projette de construire à la Hague, a-t-on appris mercredi auprès d'EDF, alors que les piscines actuelles risquent de saturer vers 2030.

"EDF prévoit de poursuivre son projet (...) pour être en mesure d'effectuer (...) la mise en service de l'installation en 2034", selon un document d'EDF daté du 9 octobre présenté lors d'une commission nationale sur les déchets.

Interrogée par l'AFP, EDF affirme: jusqu'alors "nous ne nous sommes pas engagés sur 2030, mais sur un horizon 2030, 2034 reste dans le créneau de temps envisagé".

Mais dans un avis sur les déchets nucléaires publié le 8 octobre, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) rappelle que "l'échéance de 2030 prévue par EDF pour la mise en service de la piscine d'entreposage centralisé" était déjà "proche de la date de saturation des capacités".

En 2018, l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) estimait que les piscines de La Hague seraient pleines au plus tard "peu après 2030", si aucun problème technique ne survient dans les piscines actuelles.

Interrogé par l'AFP, le chargé des questions nucléaires de Greenpeace France Yannick Rousselet a dénoncé un "recul" de 2030 à 2034. "Ca fait des années qu'on dit +attention il va y avoir saturation, ça va coincer+. Et eux ils reculent" tandis que le risque de saturation se rapproche, a-t-il dit.

Dans son avis du 8 octobre, l'ASN demande d'ailleurs des "parades temporaires pour prévenir la saturation" et elle "estime nécessaire que les options techniques et de sûreté d'une solution d'entreposage à sec", pratiqué couramment à l'étranger, lui "soient présentées".

Dans son document daté du 9 octobre, EDF rappelle que l'entreprise "privilégie aujourd'hui" une implantation à La Hague (Manche) à proximité du site Orano où refroidissent tous les combustibles irradiés dans les centrales françaises, soit 10.000 tonnes environ.

Selon le document, un "premier bassin" de 6.500 tonnes, au lieu de 5.000 envisagées jusqu'à présent, serait construit pour une mise en service en 2034, puis un second ultérieurement. Selon Greenpeace, le second aura "probablement une capacité équivalente".

"Construire une telle installation, ça va prendre dix ans. Donc c'est vraiment urgent", avait déclaré en juin le président de l'ASN Bernard Doroszczuk.

Selon l'IRSN une saturation des piscines de la Hague peut bloquer progressivement tous les réacteurs français.

Au 1er janvier 2016, le pourcentage d'espace disponible dans les piscines de La Hague était de 7,4%.

M. Rousselet a par ailleurs dénoncé le retard pris par la France dans le retour (obligatoire légalement) de déchets étrangers traités par Orano à La Hague.

"Les déchets espagnols devraient être retournés depuis longtemps, depuis 2011. Mais l'Espagne a une opposition extrêmement forte de la population aux sites d'entreposage. L'Espagne paye 74.000 euros de pénalités par jour à Orano", a-t-il affirmé.

"Pour l'Allemagne le dernier retour aurait du avoir lieu au 31 décembre 2014. Ca a été reporté à 2024. Et aujourd'hui Berlin parle de 2047", a-t-il poursuivi.

Interrogé, Orano, a juste confirmé que "le gouvernement allemand (...) ne tient pas à ce jour ses engagements pour finaliser ces retours" prévus pour 2024. Le groupe confirme en outre que l'Espagne fait l'objet de pénalités financières depuis juin 2017 mais n'en confirme pas le montant. "Initialement l'expédition des déchets était prévue entre 2010 et 2015", précise Orano qui assure "respecter strictement la loi française".

clc/lg/swi

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