Rhône: manifestation contre les polluants éternels près du site d'Arkema

Environ 600 personnes ont manifesté dimanche "pour un avenir sans PFAS" à Oullins (Rhône), une commune touchée par les contaminations aux polluants éternels rejetés par les industriels de la vallée de la chimie au sud de Lyon.

Le défilé, organisé par des associations de riverains et des groupes de militants écologistes, a traversé la commune dans une ambiance qui se voulait "festive et familiale", en direction du site d'Arkema situé à Pierre-Bénite, un des deux sites émetteurs de PFAS.

L'industriel et son voisin Daikin, qui produisent des polymères fluorés et manipulent à ce titre des PFAS, sont sous surveillance étroite depuis une série d'enquêtes journalistiques qui, en 2022, ont révélé l'ampleur de la contamination aux polluants éternels dans la zone.

"États, industriels, arrêtez de nous enfumer", "Je joue pas ma vie à pile ou PFAS": les pancartes ont rivalisé de slogans humoristiques pour dénoncer les produits chimiques qui ont contaminé des sources d'eau potable mais aussi entraîné des interdictions de pêche et de culture autour des usines Arkema et Daikin.

"Depuis la révélation de la diffusion massive de ces produits, les gens s'inquiètent mais ils sont sceptiques sur les mesures prises, il est important de se faire entendre", confie Thierry Mounib, président de l'association "Bien vivre à Pierre-Bénite".

"On nous a interdit de consommer des oeufs des poules de notre jardin, les agriculteurs sont touchés, on ne peut pas laisser cette situation durer", estiment Michèle et Jean-Pierre, un couple venu de la commune voisine de Saint-Genis-Laval.

Les habitants du secteur s'inquiètent des effets des PFAS sur la santé, comme Dominique Vigneboule, 74 ans, habitant d'Oullins, qui s'interroge sur "les causes de maladies de plusieurs amis". Citoyenne, la manifestation était aussi très politique, avec la présence d'une douzaine d'élus écologistes de la métropole de Lyon, et du sénateur écologiste de Lyon Thomas Dossus qui porte jeudi au Sénat l'interdiction des PFAS dans la niche parlementaire réservée au groupe écologiste.

"Nous voulons que toutes les études et la dépollution soient à la charge des pollueurs", a dit ce dernier.

"L'État n'est pas obligé d'attendre une nouvelle directive européenne pour agir, au nom du principe de précaution", a pour sa part souligné Gabriel Amard, député LFI de Villeurbanne.

Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés, dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, sont massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles... et s'accumulent dans l'environnement.

En cas d'exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité et sur le développement du foetus, augmenter les risques d'obésité ou favoriser certains cancers (prostate, reins et testicules), selon des études scientifiques.

rs/sof/mlb/pta

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