Les leaders écologiste Marine Tondelier et socialiste Olivier Faure ont renouvelé mardi auprès d'Elisabeth Borne leur demande de "retrait" de la réforme des retraites, à la veille d'une rencontre de l'intersyndicale à Matignon
"On lui a dit qu'il n'y aurait pas de paix sans retrait. Et quand je dis ça, ce n'est pas une menace de ma part, ce sont les faits, c'est l'état d'esprit du pays", a déclaré Mme Tondelier à l'issue de son entretien.
"Je pense qu'on est dans une impasse et que tant qu'il n'y aura pas de retrait sur cette mesure des 64 ans, on ne passera pas à autre chose", a ajouté la leader écologiste.
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a prévenu la Première ministre que "laisser cette situation s'envenimer, laisser même peut-être la violence remplacer ce qui a été jusqu'ici des manifestations pacifiques, c'est prendre un risque considérable".
"Est-ce que nous voulons un nouveau Malik Oussékine?", a-t-il demandé, en allusion à cet étudiant décédé en 1986 sous les coups de policiers à moto, en marge d'une manifestation.
Le leader socialiste a jugé Elisabeth Borne "totalement démunie parce qu'elle ne sait pas très bien ce qu'elle peut faire, en dehors de nous réexpliquer ce qu'elle a déjà expliqué".
Pour lui, il y a "des moyens connus pour débloquer cette situation: soit le retrait soit le retour devant le peuple français" avec la dissolution ou le référendum.
A ses côtés, la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland a salué une "intersyndicale rare, de qualité, efficace, qui fait des propositions" de "sortie par le haut quand certains disent +pause+, +médiation+ +discussion+".
Par ailleurs, Marine Tondelier a affirmé avoir "beaucoup alerté" la cheffe du gouvernement "sur le fait qu'il y a une recrudescence (...) des menaces et des intimidations contre les écologistes" du fait "de ce qu'on raconte sur eux à longueur de journée, y compris au plus haut niveau de l'État".
Elle faisait allusion à de récents propos du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dénonçant le "terrorisme intellectuel de l'extrême gauche" et associant l'alliance de gauche Nupes à "l'ultra-gauche des années 70".
Le ministre de l'Intérieur "ne peut pas être pyromane et jeter de l'huile sur le feu". "Ca va devoir s'arrêter parce qu'il va finir par y avoir un mort", a mis en garde la secrétaire nationale d'EELV.
"On a besoin que les responsables politiques au plus haut niveau de l'État aient un discours d'apaisement et arrêtent de présenter comme terroristes tous ceux qui sont à leur gauche", a-t-elle insisté.
Sur la polémique ravivée du maintien de l'ordre après les affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau (bassines) le 25 mars dans les Deux-Sèvres, elle a demandé à Mme Borne "une convention, une concertation, où on puisse s'asseoir et parler de la doctrine du maintien de l'ordre français".
EELV a dénoncé la dissolution du collectif écologiste Soulèvements de la Terre, qui a co-organisé la manifestation.